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Retrouvez nos derniers avis, critiques ..... par Françoise DAGONNEAU, bénévole à la bibliothèque
Moi qui n’ai pas connu les hommes : Jacqueline Harpman
Paru en 08/1995 puis réédité en 04/2025 lu en 06/2025
Résumé : Elles sont quarante, enfermées dans une cave, sous la surveillance d'impassibles gardiens qui les nourrissent.
La plus jeune - la narratrice - n'a jamais vécu ailleurs. Les autres, si aucune ne se rappelle les circonstances qui les ont menées là, lui transmettent le souvenir d'une vie où il y avait des maris, des enfants, des villes. Mystérieusement libérées de leur geôle, elles entreprennent sur une terre déserte une longue errance à la recherche d'autres humains - ou d'une explication. Elles ne découvrent que d'autres caves analogues, peuplées de cadavres.
On a pu parler de Kafka, de Paul Auster ou du Désert des Tartares au sujet de cette oeuvre à la fois cauchemardesque et sereine, impassible et bouleversante.
Livre de science-fiction, Jamais je n'ai lu d'histoire semblable...et j'ai été scotchée du début à la fin !
Comment accepter de vivre une situation que l'on ne comprend pas, sans historique, sans que personne ne sache pourquoi.
Ces femmes sont déshumanisées, humiliées presque car ne disposent d'aucun moment d'intimité.
Si vous souhaitez vous interroger sur la vie, la solitude, les sentiments, les rapports humains etc…Choisir entre espoir et désespoir. Se donner un but dans la vie.
Triste et anxiogène, cet ouvrage est assez salutaire, dans le sens où par sa curiosité insatiable et sa rage de vivre la dernière femme donne un sens sinon à sa mort, du moins à sa vie. Une sorte de conte philosophique percutant et très déstabilisant !
Un livre prenant, inclassable, superbe.
La vie meilleure : Étienne Kern
Sorti 08/2024 lu 09/2025
Résumé :« Nous sommes la somme de nos amours. Et c’est la seule chose qui restera de nous. »
On l’a comparé à Gandhi, à Einstein, à Lénine. Des foules l’ont acclamé. Des milliardaires lui ont tapé sur l’épaule. Les damnés de la terre l’ont imploré. Aujourd’hui, son nom nous fait sourire, tout comme son invention : la méthode Coué.
Singulier destin que celui d’Émile Coué, obscur pharmacien français devenu célébrité mondiale, tour à tour adulé et moqué. La vie meilleure retrace l’histoire de ce précurseur du développement personnel qui, au début du XXe siècle, pensait avoir découvert les clés de la santé et du bonheur. Un homme sincère jusque dans sa roublardise, qui croyait plus que tout au pouvoir des mots et de l’imagination.
Avec ce roman lumineux aux accents intimes, Étienne Kern rend hommage à ceux qui cherchent coûte que coûte une place pour la joie.
Ce livre est une biographie romancée d’Emile Couet.
Emile Coué, dont chacun d'entre nous connait la méthode éponyme, était-il un charlatan, un imposteur ou simplement un doux rêveur ?
Sa devise « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. »
c'est agréable à lire et cela nous interroge sur les thérapies actuelles de développement personnel qui rendent le sujet responsable de son état, dans ce sens on peut dire que le docteur Coué a fait des émules un siècle après...
Petit aparté : le livre porte un bandeau rouge sur lequel vous pouvez lire « prix du roman psychologies 2024 » disons que le markéting de bas étage a encore frappé !!
La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot
Sorti 23/08/2023 lu en 01/2024
Résumé :
« Ce livre me fait peur. Le processus a été douloureux. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange à lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même. »
Panayotis Pascot s’attaque d’une plume tranchante et moderne à trois thématiques qu’il tisse pour composer un récit autobiographique aussi acide qu’ultralucide. La relation au père, l’acceptation de son homosexualité et la dépression s’enchevêtrent ici dans un violent passage à l’âge adulte. Mais la lumière en sort toujours, d’un regard, d’une façon d’observer le quotidien avec autant de tendresse et d’humour que de clairvoyance.
Ne regardant pas la télé et n’étant pas sur les réseaux sociaux, je ne connais pas Panayotis Pascot et j’avoue qu’après avoir lu ce livre je n’ai pas de manque !!
Le livre : Un exutoire, une confession, une psychothérapie, le tout à la fois plus un cri du corps !
Mais... je ne suis pas psychothérapeute et les états d'âme de ce corps m'ont laissé de marbre. C'est un journal intime, chaotique, qui est devenu un livre (en essayant d’y mettre des phrases mais peu de ponctuation !!), Un déballage en vrac de sexe, de haine, d’idées noires sans tabou mais toujours autocentrées.
1 iere partie le père, 2ieme la sexualité (homosexualité) 3 la dépression
Je pense qu'il devrait changer de psy, parce que le sien ne l'a pas assez aidé pour qu'il se soit cru obligé d'imposer ce livre sur sa vie aux lecteurs.
L’homme : Je pense surtout qu'il s'est pris au jeu de l'artiste.. artiste de 26 ans qui doit surjouer ..même sa vie personnelle.
Je ne comprends pas l'engouement médiatique pour ce récit…
Miguel Bonnefoy le rêve du jaguar
Paru 21/08/2024 lu01/20254
Prix Femina et grand et. prix du roman de l’académie Française
Résumé :
Quand une mendiante muette de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marches d’une église, elle ne se doute pas du destin hors du commun qui attend l’orphelin. Élevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, porteur sur les quais, domestique dans une maison close avant de devenir, grâce à son énergie bouillonnante, un des plus illustres chirurgiens de son pays.
Une compagne d’exception l’inspirera. Ana Maria se distinguera comme la première femme médecin de la région. Ils donneront naissance à une fille qu’ils baptiseront du nom de leur propre nation : Venezuela. Liée par son prénom autant que par ses origines à l’Amérique du Sud, elle n’a d’yeux que pour Paris. Mais on ne quitte jamais vraiment les siens.
C’est dans le carnet de Cristobal, dernier maillon de la descendance, que les mille histoires de cette étonnante lignée pourront, enfin, s’ancrer.
Dans cette saga vibrante aux personnages inoubliables, Miguel Bonnefoy campe dans un style flamboyant le tableau, inspiré de ses ancêtres, d’une extraordinaire famille dont la destinée s’entrelace à celle du Venezuela.
Venezuela, des années 30 à l'arrivée au pouvoir de Chavez, une saga familiale qui retrace la vie d Antonio, d'Ana-Maria et de leur fille Venezuela.
Michel Bonnefoy s’inspire de la vie de ses grands-parents maternels.
Avec son écriture luxuriante regorgeant d'adjectifs, Miguel Bonnefoy tisse un récit où l'histoire (avec un petit h) de Antonio, enfant des rues devenu notable, se mêle aux lianes de l'Histoire (avec donc un grand H) du Venezuela.
On a ici un beau roman descriptif, une saga familiale joliment écrite, mais.. j'ai trouvé l'ensemble confus à défaut d'être flamboyant surtout la première moitié du livre. Cette histoire familiale étirée sur trois générations bouillonne entre fantasmes et réalités et la prose de l’auteur n’a pas de limite, trop d’adjectifs tue la phrase et les personnages manque de profondeur.
Le bureau d’éclaircissement des destins Gaelle Nohant
Sorti 2023 lu en 01/2025
Résumé : Au cœur de l’Allemagne, l’International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d’investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu’elle élève seule depuis son divorce d’avec son mari allemand.
A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d’objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé… Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent.
Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l’Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?
Le bureau d’éclaircissement des destins, c’est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l’Europe. Une fresque brillamment composée, d’une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent.
J’ai lu ce livre alors qu’on célébrait les 80 ans de la libération Auschwitz et simultanément j’ai vu des reportages sur les archives Arolsen anciennement International Tracing Service, le centre de documentation, d'information et de recherche sur la Shoah et la persécution nazie, basées à Bad Arolsen ( en Hesse, Allemagne ) depuis 1948.
De plus j’ai visité Auschwitz Birkenau tout ce que j’ai vu, entendu ou supposé lors de la visite et là écrit, c’est un roman tout à fait bouleversant, éprouvant et déroutant… la fin est d’une émotion extrême. C’est un roman fondé sur la recherche historique, l'enquête à rebours, l'investigation généalogique.
Un livre remarquable, aussi finement documenté qu'intelligemment construit et sensiblement écrit, qui nous en apprend encore sur la Shoah et sur les incessantes difficultés du devoir de mémoire. Coup de cœur.
A mettre entre toutes les mains en ces temps où la géopolitique est inquiétante
Yasmina Khadra cœur d’amande
Paru 21/08/2024 lu en 04/2025
Résumé :
"J'ai souvent touché le fond, sauf qu'à chaque tasse bue, je remonte plus vite qu'une torpille. Renié par ma mère pour anormalité physique, je me réinvente au gré de mes joies. J'aime rire, déconner, me faire mousser et rêver de sacres improbables. J'ai appris une chose dans la vie - pour se dépasser, il faut savoir prendre son pied là où l'on traîne l'autre. Même avec des béquilles ou avec des prothèses, je continuerai de marcher dans les pas du temps en randonneur subjugué. Je ne lâche rien."
C’est le premier livre que je lis de cet auteur et je suis déçue. Un roman qui traite de nombreux sujets : le handicap, l'amour, la vieillesse, l'amitié...Peut-être de trop d'ailleurs. J’ai trouvé ce roman non abouti..est ce que l’appartement est vendu ? est-ce que la mère retisse des liens avec son fils ? La première partie est plaisante mais dès qu’il est en Provence on a l’impression que c’est un autre homme qui a tout oublier de sa vie à Montmartre.
J'ai terminé le roman rapidement, ennuyée, gênée presque par toutes ces fioritures. C’est un mauvais « feel good »
Kiyoko Murata : le couvreur et les rêves
Sophie Rèfle (Traducteur)
Paru en 20/2024 lu en 06/2025
Résumé : Le couvreur qui travaille sur le toit est d'une grande discrétion. La mère de famille, seule chez elle pendant la journée est impressionnée par la délicatesse de ses pas sur les tuiles. Peu à peu ces deux êtres silencieux font connaissance. Chaque jour, à l'heure du thé, le couvreur se livre davantage et partage sa passion pour les toits des temples bouddhiques comme pour ceux des cathédrales européennes. Puis il évoque la possibilité de partir les visiter en rêve. La dame commence le soir même son apprentissage.
Roman japonais à la fois instructif et onirique, avec des rapports humains pudiques et tout en profondeur…mais c’était un rêve à 2 et je n’ai pas trouvé ma place dans cette lecture.
Ce livre nous propose de voyager en rêves, de nous installer sur les toits d'édifices majestueux (temples et cathédrales) et d'apprendre à écouter notre cœur.
La relation qui naît entre le couvreur et la femme au foyer est enrichissante pour l'un comme pour l'autre. Chacun y trouve le souffle qui manque à sa vie.
Pour conclure je dirais que c'est une lecture agréable, mais je garde malheureusement un sentiment de voyage inachevé...
Les piliers de la mer : Sylvain Tesson
Paru 02/04/2025 lu 06/2025
Résumé : De l'aiguille d'Etretat à Totem Pole en Tasmanie en passant par les îles Féroé et le cap Horn, Sylvain Tesson a gravi en vingt ans plus de cent stacks, ces piliers rocheux dressés au large des falaises. Il raconte son tour du monde à la découverte de ces dernières terres inviolées par l'homme, qui, sauvages, libres et seules, sont la parfaite incarnation de son rapport au monde.
Autant j’ai aimé la panthère des neige (livre et film) que là…
Alors, bien sûr, S Tesson s’en sort : on se régale toujours des habiletés de plume, de l'humour astringent, de plus comme il a une culture XXL , on se régale de l'ode à la liberté chantée par ce réfractaire à la modernité.
Mais comme pour les Stacks, on sent de l’érosion dans l’écriture.
Les stacks mesurent environ 50 m ..il nous avait habitué à plus d’altitude.
Les deux tilleuls : Francis Grembert
Paru 02/01/2025 lu 07/2025
Résumé :
La très émouvante histoire de deux frères au cœur de la nature, par l`auteur de l`
Éloge de l`alouette (2023).
Les instants, les pastels, les brumes, ce qui sommeille dans les herbes folles est immense. Toute chose arrachée à l`oubli est une victoire. La vie m`a pris mon frère et m`a donné le souvenir de sa présence. Je ne veux rien laisser partir au vent. Les deux tilleuls approuvent. Ils m`écoutent dire François et moi. Ce sont de bons arbres, avec une ombre parfumée qui ne saurait mentir.
Voici, dans les paysages du nord de la France, dans la ferme, dans les champs et sous les tilleuls, l`histoire de Francis et François. L`histoire de deux frères et d`un paysage comme seule la littérature sait les écrire.
Livre très court 102 pages mais très émouvant.
Il y a 2 deuils dans ce roman
1 : la mort du petit frère de 4 ans alors que l’auteur en a 7 (l’auteur est né en 1962)
Il pense à François. Chaque jour, chaque seconde. Mais comme il le dit si bien « Je n'ai pas besoin de penser à toi pour penser à toi. ».
2 : la mort de l’agriculture paysanne avant le passage du remembrement en 1970.
Ce roman est une tendresse folle, une enfance simple mais heureuse
Cette histoire tout le monde peut se l’approprier car on a tous perdu un être cher
et on a tous la nostalgie de son enfance
Sandrine Collette Madeleine avant l’aube
Sorti 21/08/2024 lu en 07/2025
C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose.
Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.
Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.
Avec Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux.
Madelaine avant l'aube a obtenu le prix Goncourt des Lycéens 2024.
Encore une fois le Goncourt des Lycéens est un bon choix. Quand on fait de la généalogie, ce livre nous permet de mettre des mots sur la vie de nos ancêtres que l’on imagine …se nourrir coute que coute, survivre.. malgré le gel, malgré les seigneurs..Dés le départ on sait que la fin sera terrible, On sent que quelque chose de menaçant infuse en souterrain…et il y a cet exceptionnel personnage féminin « Madeleine » elle n’est pas formatée, elle a une forme de liberté proche de l'animalité, c’est un "diamant que rien n'entaille", une volonté chevillée au corps, et c'est tout cela qui va faire basculer l'histoire.
En nous plongeant dans cette époque, jamais citée, mais que l'on devine, Sandrine Colette nous fait revivre le Moyen-âge de l'intérieur. Pas celui des grands, mais celui des petits, le Moyen-âge de ceux qui ont creusé la terre pour nourrir jusqu'à en mourir.
C'est très bien écrit, c'est beau, c'est à lire.
Le soldat désaccordé Gilles Marchand
Paru 19/08/2022 lu en 08/2025
Résumé Paris, années 1920. Un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il découvre peu à peu la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’enfer. Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre. Notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre. On aime la plume poétique et tendre de l’auteur, l’hommage à cette...
Quand un soldat inconnu part à la recherche d'un soldat disparu.
Le soldat désaccordé est un bouleversant récit, écrit avec le sang des poilus, entre les deux guerres, dans un contexte où nombreux étaient ceux qui croyaient à la « der des der », alors que le nazisme grandissait.
Même si le roman bénéficie d'une documentation très solide, c'est le style qui se démarque ici, extrêmement musical, rythmé et poétique…se lit très rapidement
Une histoire captivante, émouvante qui mêle admirablement tragédie historique (l’alsace et la lorraine par ex) et romantique (une histoire d’amour sur fond de poésie).
Prix des librairies 2023
Le soldat désaccordé Gilles Marchand
Paru 19/08/2022 lu en 08/2025
Résumé Paris, années 1920. Un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il découvre peu à peu la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’enfer. Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre. Notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre. On aime la plume poétique et tendre de l’auteur, l’hommage à cette...
Quand un soldat inconnu part à la recherche d'un soldat disparu.
Le soldat désaccordé est un bouleversant récit, écrit avec le sang des poilus, entre les deux guerres, dans un contexte où nombreux étaient ceux qui croyaient à la « der des der », alors que le nazisme grandissait.
Même si le roman bénéficie d'une documentation très solide, c'est le style qui se démarque ici, extrêmement musical, rythmé et poétique…se lit très rapidement
Une histoire captivante, émouvante qui mêle admirablement tragédie historique (l’alsace et la lorraine par ex) et romantique (une histoire d’amour sur fond de poésie).
Prix des librairies 2023
Le voyage de Marcel grobb Sébastien Goethals Philippe Collin
Sorti 10/2018 lu en 09/2025
11 octobre 2009. Marcel Grob, un vieil homme de 83 ans, se retrouve devant un juge qui l'interroge sur sa vie. Et plus particulièrement sur le 28 juin 1944, jour où ce jeune Alsacien rejoint la Waffen SS et est intégré dans la 16e division Reichsführer, trois mois après le débarquement allié en Normandie. Marcel se rappelle avec émotion de ce jour fatidique où, comme 10 000 de ses camarades Alsaciens, il fût embrigadé de force dans la SS. Non, il n'était pas volontaire pour se battre mais il n'avait pas le choix, il était pris au piège. Mais pour le juge qui instruit son affaire, il va falloir convaincre le tribunal qu'il n'a pas été un criminel nazi. Alors, Marcel Grob va devoir se replonger dans ses douloureux souvenirs, ceux d'un "malgré nous", kidnappé en 1944, forcé d'aller combattre en Italie, au sein d'une des plus sinistres division SS. Un voyage qui l'amènera à Marzabotto, au bout de l'enfer...
Le Voyage de Marcel Grob est une bande dessinée historique scénarisée par Philippe Collin et illustrée par Sébastien Goethals, sortie en 2018.
La bande dessinée raconte l'histoire d'un jeune Alsacien de 17 ans, nommé Marcel Grob qui est, en juin 1944, enrôlé de force dans la Waffen-SS avec ses amis Antoine et Stanislas.
Philippe Collin a écrit cette BD en hommage à son grand-oncle Marcel Grob. Même si le personnage de l'histoire ne lui ressemble pas physiquement , il reproduit parfaitement ses actes.
C'est dans l'ensemble un très beau roman graphique, qui nous interroge autant qu'il est instructif., Un livre pétri d'humanité.
Antoine Choplin : la barque de Masao
Résumé :Masao est ouvrier sur l'île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en quittant l'usine, il découvre Harumi venue l'attendre plus de dix ans après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et d'humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles. Ce face à face ravive les souvenirs... Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d'amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d'Harumi. Les années passées comme gardien du phare d'Ogijima.
Ou encore les heures de plénitude à bord de la barque qu'il a construite de ses propres mains. La Barque de Masao, roman habité par les lumières changeantes et les brises marines, est le deuxième texte d'Antoine Choplin publié aux éditions Buchet/Chastel.
Ce livre évoque les retrouvailles d’un père et sa fille, et petit à petit le roman nous dévoile pourquoi ils ont été séparés. Bien qu’écrit par un français ce livre est très japonisant « On entend les silences, les peut-être et les si jamais » et outre ce subtil hommage à l'élégance nippone j’ai aussi aimé le pouvoir sublimateur de l'art.
Lecture agréable
L’âge fragile : Donatella Di Pietrantonio
Paru en 01/2025 lu en 09/2025
Résumé de L'histoire : installée dans un petit village pauvre des Abruzzes où elle est née, Lucia exerce comme kiné entre son vieux père autoritaire et sa fille Amanda qui poursuit ses études à Milan. Un jour, Amanda revient s'installer pour de bon au village après l'agression dont elle a été victime un soir à quelques rues de son studio milanais. La jeune fille ne quitte plus sa chambre et s'enferme dans un silence inquiétant. Impuissante face à la détresse de sa fille, Lucia est alors confrontée aux souvenirs douloureux d'un drame qu'elle a vécu trente ans auparavant lorsque deux campeuses avaient été retrouvées sauvagement assassinées sur un chemin de montagne…
Prix Strega 2024, prix Strega Giovani 2024. Equivalent du Goncourt et Goncourt des lyceens
Dans ce récit tendu, la romancière italienne multirécompensée dénonce le poison de la culpabilité et la persistance d'une société patriarcale violente qui peine à évoluer.
Plusieurs thèmes abordés dans ce livre :
La honte sourde : il y a la culpabilité de Lucia, la narratrice, incapable d'aider Amanda à se relever de l'agression qu'elle a subie à Milan. Une culpabilité ravivée par une autre, plus ancienne, quand l'été de leurs 20 ans, Lucia n'a pas su avoir les mots pour son amie Doralice, rescapée d'un terrible double féminicide qui eut lieu un soir, au camping de montagne où elles passaient leurs étés.
A qui appartient le corps des femmes
À qui appartient le corps des femmes dans ces sociétés patriarcales rurales où l'emprise des hommes pèse, tel un bloc de granit, sur des générations de filles dressées à obéir ?
Communauté repliée sur elle-même
Donatella Di Pietrantonio interroge très finement à la fin du roman les responsabilités d'une communauté face à l'auteur du crime, jeune berger isolé venu d'ailleurs, exploité par les hommes du village repliés sur eux-mêmes.
L’auteur nous explique ce moment si vulnérable qu'est l'adolescence ; je me suis beaucoup attachée à cette mère imparfaite, démunie…
La mémoire, l'héritage, le silence, la transmission des valeurs de la terre, les liens familiaux sont explorés avec délicatesse par cette auteure.
Ce livre m’a rappelé Nicolas Mathieu « leurs enfants après eux » à l’adolescence on veut échapper à la vie de ses parents mais les circonstances bouleversent les destins.
James Percival Everett
Sorti en 08/2025 lu en 10/2025
Résumé « Ces gamins blancs, Huck et Tom, m’observaient. Ils imaginaient toujours des jeux dans lesquels j’étais soit le méchant soit une proie, mais à coup sûr leur jouet. [...] On gagne toujours à donner aux Blancs ce qu’ils veulent. »
Qui est James ? Le jeune esclave illettré qui a fui la plantation ? Ou cet homme cultivé et plein d’humour qui se joue des Blancs ? Percival Everett transforme le personnage de Jim créé par Mark Twain, dans son roman Huckleberry Finn , en un héros inoubliable.
James prétend souvent ne rien savoir, ne rien comprendre ; en réalité, il maîtrise la langue et la pensée comme personne. Ce grand roman d’aventures, porté par les flots tourmentés du Mississippi, pose un regard incisif entièrement neuf sur la question du racisme. Mais James est surtout l’histoire déchirante d’un homme qui tente de choisir son destin.
Âge de lecture : à partir de 16 ans
Il m'a manqué certains codes pour totalement apprécier cette lecture.
Problème numéro 1, je n'ai jamais lu Huckleberry Finn de Mark Twain, qui est la base de cette histoire.
Problème numéro 2, je ne suis pas américaine, or ici on baigne dans la culture américaine jusqu'au cou.
Problème numéro 3, je ne parviens pas à m'immerger dans une histoire dans laquelle j'ai peine à croire et c'est clairement le problème majeur pour moi. Trop d’aventure et de rebondissements casse l’aventure.
Ici c'est bien sur le rapport à l'esclavage qui est questionné. Jim fuit la propriété de ses maîtres quand il apprend qu'il risque d'être vendu.
Tous les esclaves jouent en permanence un tour pendable à leurs maîtres en leur parlant du matin au soir dans un sabir « petit nègre » (Problème n°4 assez pénible à lire au demeurant) afin de conforter leurs maîtres blancs dans l'idée que leurs esclaves sont des imbéciles finis, et qu'ils ont donc bien la place qu'ils méritent dans la société.
J'ai eu du mal à m'attacher à ces personnages même Jim n'est pas complètement fouillé notamment à la fin... C'est dommage, car Percival Everett a su nous faire partager le quotidien de la vie d'un esclave de l'époque.
Prix Pulitzer 2025

Un perdant magnifique : Florence Seyvos
Sorti 03/01/2025 lu 10/2025
Résumé :Au cœur d’une famille en pleine implosion, le beau-père atypique capte toutes les attentions. Mythomane, dépensier, capricieux, suicidaire, généreux, élégant, clochardisé, sincère, menteur, enthousiaste, dépressif, Jacques est tout cela à la fois. Entre la France et la Côte d’Ivoire, il entraîne la narratrice, sa sœur Irène et leur mère dans un tourbillon qui finira par le tuer.
Depuis toujours, Florence Seyvos est comme hantée par ce personnage mystérieux… et toxique. Avec Un perdant magnifique, elle n’a jamais été aussi proche de la vérité. Une vérité douloureuse qu’elle restitue avec ce mélange de pudeur et de violence qui est sa marque de fabrique. Comme dans Le Garçon incassable, son plus grand succès à ce jour, elle parvient à poser un regard précis, parfois cruel, sur toutes les situations, mais avec une délicatesse infinie.
Âge de lecture : à partir de 18 ans
Ce récit explore la complexité des relations humaines à travers le prisme de l'adolescence et des rêves déchus. L'auteure parvient à capturer l'essence même de la quête identitaire, tout en offrant une réflexion troublante sur la fascination qu'exercent les personnalités borderline.
Anna, la narratrice, raconte l'histoire de sa relation à son beau-père, généreux mais aux gouts dispendieux, délicat mais autoritaire, attachant mais parfois repoussant. C'est donc lui, Jacques, ce perdant magnifique. Il vit dans l'excès, la démesure. Son monde est un théâtre permanent où il se met en scène, flamboyant, imprévisible.
La famille est confrontée à d'énormes problèmes d'argent, les huissiers rodent, les meubles sont revendus.
Malgré cela, le lecteur, tout comme la famille, nourrit une ambivalence profonde pour ce personnage fascinant / repoussant, responsable de cette incurie.
Ce roman fluide et addictif laisse un sentiment de trouble, un texte touchant, délicat, très juste sur les sentiments qui nous animent.
Livre Inter 2025

Les yeux de Mona Thomas Schlesser
Résumé Cinquante-deux semaines : c'est le temps qu'il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde.C'est le temps que s'est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l'initier, chaque mercredi après l'école, à une oeuvre d'art, avant qu'elle ne perde, peut-être pour toujours, l'usage de ses yeux. Ensemble, ils vont sillonner le Louvre, Orsay et Beaubourg. Ensemble, ils vont s'émerveiller, s'émouvoir, s'interroger, happés par le spectacle d'un tableau ou d'une sculpture. Empruntant les regards de Botticelli,...
Le roman français qui a conquis le monde..est dit sur la couverture et bien je n’ai pas aimé ce livre. L’auteur est certe très érudit en art mais de là à en faire un roman..roman construit de façon primaire et très répétitive : pour 52 œuvres vous avez 52 fois:
1 l’histoire de Mona et de sa famille en filagramme. On survole plusieurs soucis dysfonctionnels dans la famille sans pour autant creuser.
2 la description de l’œuvre
3 les explications de l’œuvre par le grand père
Le grand père parlons-en, tout sympathique qu'il paraisse, n'est pas réaliste. Il est là pour faire le professeur, entrecoupées de prêchi-prêcha.
Mona 10 ans, l'auteur le précise, est très mure pour son âge mais quand même, on a du mal à y croire ! Quelle enfant de dix ans saurait méditer, immobile pendant des quarts d'heure entiers, devant une toile du Louvre ?
Alors oui on apprend énormément de chose mais l’histoire est quasi inexistante.
Un barrage contre le pacifique : Marguerite Duras
paru en 1950 lu 12/2024
Résumé :
"Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en l'air, ces barrages, d'un seul coup d'un seul, du côté des crabes qui en avaient fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis six mois à les construire dans l'oubli total des méfaits pourtant certains de la mer et des crabes. Ce qui était étonnant c'était qu'ils avaient été deux cents à oublier ça en se mettant au travail." M. Duras
Après avoir économisé pendant de longues années, une veuve achète une concession dans le sud de l'Indochine. Mais les terres se révèlent incultivables car inondées régulièrement par le Pacifique. La seule solution est de construire des barrages. Malheureusement, comme ils s'avèrent insuffisants face aux assauts de l'océan, la vie de la femme, avec deux adolescents à sa charge et la pression d'une administration corrompue, devient une survie. Pour s'en sortir, il y a bien ce jeune chinois qui tourne autour de sa fille, mais quand le riche père de celui-ci refuse l'idée d'un mariage, devant tant d'infortune, la folie n'est plus loin.
Marguerite Duras dépeint une vie dans les colonies qui va à l'encontre de l'idée que l'on s'en fait habituellement. En Indochine, les maîtres sont les locaux fortunés et non les colons grugés, harcelés et ruinés par l'administration coloniale, qui ne leur laisse d'autre choix qu'un retour en France. Bien que décrit avec beaucoup de froideur, on ne peut qu'être touché par le sort de ces gens qui ont tout perdu, alors qu'ils espéraient dans un exil salutaire. Mais ce pays et cette adversité ont forgé des personnalités fortes. Il suffit pour s'en convaincre de voir le parcours exceptionnel et le talent de celle qui nous raconte son histoire dans Un barrage contre le Pacifique.
Un barrage contre le Pacifique, a été inspiré à Marguerite Duras par son adolescence en Indochine et on devine son autre roman « l’amant »
Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste : Emmanuelle Pirotte
Paru 11/01/2024 lu 12/2024
Résumé :
" Je m'appelle Dominique Biron et j'ai décidé de mourir dans trois jours. C'est le temps qu'il a fallu au Christ pour revenir d'entre les morts, ça me suffira bien pour faire mon petit ménage. "
Quand Alzheimer frappe à sa porte, Dominique, 81 ans, préfère ne pas s'attarder. Elle se prépare à dire adieu à sa petite vie, ses enfants, ses bibelots... Lorsqu'elle fait le tri dans ses souvenirs, c'est avec une réjouissante férocité. Car l'ennui bourgeois n'a pas réussi à priver Dominique d'une certaine hauteur de vue sur l'Existence.
Le plus difficile est de prendre congé de sa petite-fille adorée, Victoire, 20 ans. Que lui dire ? Que lui écrire ? Comment lui faire comprendre que le choix de sa grand-mère est celui de la liberté et, paradoxalement, de la vie ?
Dans un texte qui claque comme un uppercut, Emmanuelle Pirotte fait du lecteur le dépositaire d'une singulière confession, implacable, drôle et tendre. Travaillé par les problématiques qui hantent nos sociétés modernes, le roman interroge sans concession notre rapport à la mort et au libre arbitre.
Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste est le portrait d'une femme qui se lance, avec panache, dans un ultime face-à-face avec elle-même.
Dominique Biron, 81 ans, apprend qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle ne veut pas finir dans la déchéance comme Anthony Hopkins dans un film dont elle a oublié le nom, elle décide donc de tirer sa révérence. Sa mort, son choix.
Pendant trois jours, ses derniers, Dominique embarque le lecteur dans un long monologue, divagation au gré de ses pensées, ses idées, ses souvenirs. le ton est vif, caustique, cassant parfois, sans édulcoration, c'est certain ! Dominique balance et règle ses comptes avant la faucheuse. Avec discernement, elle n'hésite pas à parler tout haut des travers des uns et des autres, sans oublier les siens. Cette « vieille conformiste » revient aussi sur ses faiblesses, ses manques de courage, tout ce qu'elle a tu ou accepté malgré sa sensibilité ou ses convictions profondes.
j'ai apprécié la façon dont l'autrice aborde la question de la mort, de la déchéance physique, de la dépendance et des codes sociaux. Un point de vue qui permet au lecteur de se sentir concerné et de s'interroger sur sa propre finitude et sur ses choix, bien avant qu'il ne lui reste que trois derniers jours.
Philippe Collin : le barman du Ritz
Paru lu 10/202424/04/2024
Résumé :
Juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. Partout, le couvre-feu est de rigueur, sauf au grand hôtel Ritz. Avides de découvrir l'art de vivre à la française, les occupants y côtoient l'élite parisienne, tandis que derrière le bar oeuvre Frank Meier, le plus grand barman du monde.
S'adapter est une question de survie. Frank Meier se révèle habile diplomate, gagne la sympathie des officiers allemands, achète sa tranquillité, mais aussi celle de Luciano, son apprenti, et de la troublante et énigmatique Blanche Auzello. Pendant quatre ans, les hommes de la Gestapo vont trinquer avec Coco Chanel, la terrible veuve Ritz, ou encore Sacha Guitry. Ces hommes et ces femmes, collabos ou résistants, héros ou profiteurs de guerre, vont s'aimer, se trahir, lutter aussi pour une certaine idée de la civilisation.
La plupart d'entre eux ignorent que Meier, émigré autrichien, ancien combattant de 1914, chef d'orchestre de cet étrange ballet cache un lourd secret. Le barman du Ritz est juif.
Philippe Collin restitue avec virtuosité et une méticuleuse précision historique une époque troublée. À travers le destin de cet homme méconnu, il se fait l'oeil et l'oreille d'une France occupée, et raconte l'éternel affrontement entre la peur et le courage.
Je suis une inconditionnelle de Philippe Collin 'historien et homme de radio qui là publie son premier roman. . Roman ou documentaire..un peu des deux.
une plongée dans une sorte de miniature de la France occupée, le bar du Ritz, quand pendant la seconde guerre mondiale s'y côtoient les officiers de la Wehrmacht et, dans une ambivalence teintée de toutes les nuances collaborationnistes n'excluant pas quelques actes secrets de Résistance, une clientèle d'habitués, Guitry, Chanel ou Cocteau, mêlée d'une faune hétéroclite, anciens hauts fonctionnaires, « comtesses » et voyous de tout poil, appliqués à jouer les caméléons pour rester dans l'orbite des puissants du moment. Tout cela sous les yeux d'un personnel partagé entre scrupules, peurs et confort de l'emploi, comme celui que l'on dit alors le meilleur barman au monde.
Juif ashkénaze vétéran de Verdun, Franck Meier est devenu, le célébrissime prince parisien des cocktails et, par la même occasion, le confident des grands de ce monde, parmi lesquels Hemingway et Fitzgerald. Philippe Collin en fait son personnage central, observateur privilégié lui-même aux prises avec toutes les ambiguïtés de son époque.
C’est un documentaire intéressant, un roman raisonnablement plaisant et prenant, mais sans grande épaisseur .
Toute la ville en parle : Fannie flag
Paru en 02/2019 lu en 08/2024
Résumé :Plus qu'un roman : un appel au bonheur !
L'auteur de Beignets de tomates vertes nous conte, dans ce roman choral, l'histoire d'un petit village du Missouri, Elmwood Springs, depuis sa fondation en 1889 jusqu'à nos jours. Les années passent, les bonheurs et les drames se succèdent, la société et le monde se transforment, mais les humains, avec leurs plaisirs, leurs peurs, leurs croyances, leurs amours, ne changent guère. Et c'est la même chose au cimetière puisque, loin de jouir d'un repos éternel, les défunts y continuent leurs existences, sous une forme particulière. Au fil des décès, ils voient ainsi arriver avec plaisir leurs proches et leurs descendants, qui leur donnent des nouvelles fraîches du village. Tout irait ainsi pour le mieux dans ce monde, et dans l'autre, si d'inexplicables disparitions ne venaient bouleverser la vie, et la mort, de cette paisible petite communauté.
On retrouve dans ce roman revigorant en diable, peuplé de personnages plus attachants les uns que les autres, toute la tendresse, le charme fou et la philosophie heureuse de Fannie Flagg.
J'ai été captivée par toute la première partie du livre qui nous embarque au Missouri à la fin du 19 ème siècle. On y découvre l'histoire d'une poignée d'immigrés Suédois partis à la conquête de l'Amérique et qui vont bâtir quelques maisons, en faire un village puis une ville et enfin une très grande ville. Assez vite se met en place une histoire parallèle : les habitants qui meurent rejoignent le cimetière de la ville où s'offre à eux une deuxième "vie".
L'idée est originale et sympathique, ça m'a bien plu... Mais le soucis avec ce procédé on se trouve avec un méli-mélo de personnages..on est loin des promesses de 4ieme de couverture !!
Philippe Besson : Un soir d’été
Paru 04/01/2024 lu en 07/2024
Résumé » : Nous étions six – cinq garçons et une fille – insouciants, frivoles, joyeux, dans un été de tous les possibles. Pourquoi a-t-il fallu que l’un d’entre nous disparaisse ? »
S’inspirant d’une histoire vécue, Philippe Besson retrace un drame de sa jeunesse, survenu dans l’île de Ré, un soir de juillet, au milieu des années 80.
Je n’ai pas lâché le livre, l'histoire étant trop prenante, facile de lecture, vous suivez le parcours de ces quatre ados, plus ou moins mal dans leurs peaux, en vacances, insouciant, amoureux, jusqu'au jour, où tout bouscule par la disparition de l’un d’entre eux. Belle leçon, sur la l'amitié et la valeur de la vie.
Comme d’habitude j’ai aimé l’écriture de Philippe Besson, il a le don de nous toucher quel que soit le sujet et celui-ci ne déroge pas à la règle.
J'ai aimé et adoré rencontrer ces adolescents, j'ai des souvenirs de ma propre adolescence qui me sont remontés.
Et ce livre pose une question, A quel Age devient-on adulte ? certain jamais…car ce n’est pas l’Age qui fait l’adulte et d’autre malheureusement à la suite d’un drame.
Petit bémol : même si l’homosexualité est présente, là elle est en second plan.
L’enterrement de Serge : Stephane Carlier
Paru en 10/2023 lu en 09/2024
Résumé :
Dans une petite église de Saône-et-Loire, on enterre Serge Blondeau et ils ne sont pas nombreux à avoir fait le déplacement. Il y a Gilberte, sa mère, qui s’apprête à faire une annonce importante, Brigitte, sa sœur, qui compte les heures avant son retour en région parisienne, Bernard, son beau-frère, qui aimerait récupérer les quatre cents francs qu’il a prêtés au défunt en 1998, et une poignée d’autres. Il faut dire que Serge n’avait rien d’inspirant. Un homme qui habite un mobile home et gagne sa vie en conduisant le minibus d’un Ehpad ne peut pas espérer des obsèques grandioses. Celles-ci seront pourtant inoubliables...
Cet enterrement-là vous rendra heureux !
L'histoire pourrait prétendre à une histoire triste mais il s'agit plus d'un roman satirique.
L’autopsie d'un enterrement..le scanner des hypocrisies et des faux semblants..
On assiste à l'enterrement de Serge. Durant les funérailles, on fait la connaissance de toute la famille et les secrets ne vont pas manquer.
Les personnages sont des citoyens ordinaires, plein de défauts si communément répandus : envie, avarice, lâcheté, étroitesse d'esprit…Des défauts exagérés pour mieux être ridiculisés, ces caricatures donnent un ton léger au texte. (l'auteur se moque allègrement de notre société individualiste et égocentrique mais aussi des réseaux sociaux), mais les exagérations du texte rendent sa lecture beaucoup moins jouissive.
On est loin du coup de coeur, mais c'était une lecture divertissante.
Panorama : Lilia Hassaine
Résumé :
"Les premières lignes du prologue nous mettent sur la piste d'une enquête policière avec comme narratrice celle qui va la mener. Une disparition, banale pour un polar. Un couple et son fils de huit ans.
Sauf que nous sommes en 2049, dans une France dystopique où on vit à l'ère de la Transparence depuis la Revenge week de 2029, révolution qui a éclaté suite à un énième crime jugé impuni par une population excédée par le laxisme de la justice. Pour se libérer du Mal, les Français ont désormais le choix : vivre dans des quartiers transparents composés de maisons-vivariums. Un moins pire des mondes où on ne peut plus battre sa femme, maltraiter un enfant ou une personne âgée en EHPAD puisque la moindre suspicion de crime déclenche immédiatement une réaction des voisins, tous en hyper vigilance sur ce qu'il se passe à côté de chez eux.
Dystopie ou le peuple juge en votant si les jugés présumés coupables le sont vraiment. a eux de prouver leur innocence.
Comme tout policier j’ai trouvé que le dénouement était alambiqué, donc je n’analyse pas le coté triller du livre
Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est l’étude d’une société qui sous un prétexte de sécurité se veut transparente.
Lilia Hassaine situe l'intrigue de « Panorama » en 2050, dans une France qui a fait la révolution de la Transparence, en 2029. Une révolution initiée par un influenceur célèbre qui a porté plainte contre son oncle qui l'a violé lorsqu'il était enfant, et demande le droit de se faire justice.
« La Transparence est un « pacte citoyen fondé sur la bienveillance partagée et la responsabilité individuelle », d'après le Préambule de la Constitution de 2030. »
Oui mais voilà, ce monde transparent qui prône la sécurité et la bienveillance n'est pas sans risques. On s'épie et on se sait épié, pas toujours facile à vire.
A travers l'enquête, Lilia Hassaine cherche à nous démontrer la menace sur les libertés individuelles et sur la vie privée dans ce nouveau monde. Elle fait le parallèle avec les réseaux sociaux où s'exposent nos vies privées.
Avec peu d'indices l'enquête piétine et ce n'est qu'un an plus tard qu'une vérité surprenante éclatera …Révélant que finalement cette « transparence » communautaire ne peut rien contre l'opacité des individus.
Roman dystopique à l'idée intéressante mais Est-ce la société que nous voulons ?
et ou- Est-ce de la S.F ou déjà notre quotidien ?
Ce que je sais de toi Éric Chacour
Sorti 24/08/2023 lu en 06/2024
Résumé :
Dans le Caire des années 1980, un jeune médecin suit un destin tracé pour lui. Entre son dispensaire et le prestigieux cabinet hérité de son père, Tarek n’a que peu de place pour se poser des questions. Mais la rencontre d’un être que tout semble éloigner de lui ébranlera son mariage, sa carrière et ses certitudes, ne lui laissant plus d’autre choix que l’exil.
De la communauté levantine d’Égypte aux hivers montréalais, du règne de Nasser jusqu’à l’aube des années 2000, Tarek fuit, erre, et se souvient. Mais sait-il qu’à plusieurs milliers de kilomètres, quelqu’un raccommode les lambeaux de son histoire et tente de remonter, chapitre après chapitre, le cours de sa vie ?
Récit d’une absence et d’une réconciliation, Ce que je sais de toi brosse avec délicatesse, humour et sensibilité le portrait d’un clan déchiré et d’une société en pleine transformation. Ce premier roman d’Éric Chacour révèle un auteur à la langue ciselée, à l’esprit lumineux, habité par une compréhension profonde de la nature humaine. Un livre qui embaume l’ail, l’anis et les secrets de famille.
Un premier roman, tout à fait remarquable. L'auteur nous envoûte dans son univers littéraire d'une manière subtile, sensible et bouleversante. Les pages se tournent, et se retournent, nous ne voyons pas le mot fin arrivé. Une lecture d'une fluidité extrême qui se lit comme une poésie L'auteur capte ses lecteurs du début jusqu'au final, La thématique est bien maîtrisée J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman divisé en trois parties, il y a "Moi", " Toi "et " Nous", Un roman tout en sensibilité, délicat, pudique, où l'amour prédomine. Une explosion de couleurs, d'odeurs, de mots et de sentiments. Une photographie de l'Egypte des années 60 à nos jours.
Sans jugement, avec empathie et réserve, ce premier roman brosse le portrait d'un homme déchiré par la complexité de ses sentiments.
Ce que je sais de Lui, c'est à présent à vous de le découvrir. Et un très beau coup de coeur.
Agnès Desarthe : le château des rentiers
Paru le 18/08/2023 lu en 06/2024
Résumé :
En levant les yeux vers le huitième étage d'une tour du XIIIe arrondissement de Paris, Agnès rejoint en pensée Boris et Tsila, ses grands-parents, et tous ceux qui vivaient autrefois dans le même immeuble. Rue du Château des Rentiers, ces Juifs originaires d'Europe centrale avaient inventé jadis une vie en communauté, un phalanstère. Le temps a passé, mais qu'importe puisque grâce à l'imagination, on peut avoir à la fois 17, 22, 53 et 90 ans : le passé et le présent se superposent, les années se télescopent, et l'utopie vécue par Boris et Tsila devient à son tour le projet d'Agnès.
Vieillir ? Oui, mais en compagnie de ceux qu'on aime. Telle est la leçon de ce roman plein d'humour et de devinettes - à quoi ressemble le jardin d'Eden ? Quelle est la recette exacte du gâteau aux noix ? Qu'est-ce qu'une histoire racontée à des sourds par des muets ? -, qui nous entraîne dans un voyage vertigineux à travers les générations.
L’essentiel du livre est dans le résumé, l’auteur souhaite vivre en communauté lors de sa vieillesse comme ses grands-parents.
Par des chapitres très courts Agnès Desarthe va aborder une multitude de thèmes. Parfois avec bonheur, plus souvent dans une grande complexité
Si effectivement elle nous parle de sa vie, c'est surtout une réflexion profonde sur la vieillesse et la mort.
Les souvenirs, les générations, le présent, l'avenir, tout se mêle et s'entremêle.
On peut même dire que c'est assez anarchique.
On croirait qu'il n'y a pas de plan à ce livre.
Des réflexions et des idées jetées.
Raphaelle Giordano : heureux les fêles car ils laissent passer la lumière
Paru 19/10/2023 lu 04/2024
Résumé : Henriette n’a pas que son prénom de décalé. Elle a aussi un look original bien à elle et un vrai talent créatif d’architecte d’intérieur, qu’elle ne mesure pas vraiment, trop souvent occupée à douter d’elle-même. Car derrière la façade de jeune professionnelle douée, elle cache une peur inavouable…
Anxieuse de nature, hypersensible et facilement fatigable, Henriette a ce qu’elle appelle un syndrome de trophobie : quand on la force à dépasser ses limites et que, rapidement, cela fait « trop » pour elle, elle est submergée d’angoisses mais n’ose pas l’avouer. De stratégie d’évitement en stratégie de camouflage, elle donne le change la plupart du temps, en se sur-adaptant aux autres – mais à quel prix !
Jusqu’au jour où un projet l’oblige à collaborer avec un bureau d’étude dirigé par un architecte paysagiste ambitieux, charismatique… et à première vue imbuvable.
Alors qu’elle intègre cette nouvelle équipe, le petit théâtre des ombres se met en place. Au travail, en famille, ou en couple, beaucoup préfèrent avancer masqués pour ne pas révéler un intime perclus de fragilités. Pourtant, tout le monde a peur… mais pas au même endroit !
Henriette découvrira-t-elle, comme quelques heureux avant elle, que lorsque la lumière jaillit derrière les failles, c’est toujours pour éclairer ce que chacun porte en lui de plus beau ?
Je dirai gentilé !!
J'ai trouvé l'écriture fade, l'histoire insipide et attendue... Beaucoup trop de clichés à mon goût et pas assez de surprises, trop de mièvreries.
Connemara : Nicolas Mathieu
Livre sorti en 05/2023 lu en 02/2024
Résumé :
Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l'Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d'architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir.
Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n'a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n'est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l'âge des choix. Aujourd'hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu'il a tout raté.
Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible.
Connemara c'est cette histoire des comptes qu'on règle avec le passé et du travail aujourd'hui, entre PowerPoint et open space. C'est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l'envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d'un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.
Dans ce roman, les héros Hélène et Christophe sont en arrière-plan. Tous les deux traversent la crise de la quarantaine en se rappelant leur adolescence et si …
L'intrigue, volontairement minimaliste, ne comporte pas d'événements hors du commun, ni meurtre, ni violence particulière. Elle décrit le quotidien relativement banal de ses protagonistes, dévoilant en creux l'ambition essentiellement sociologique de son auteur.
À chaque chapitre, Nicolas Mathieu décrit l'époque, insouciante des années 80 ou déshumanisée aujourd'hui, replongeant le lecteur dans sa mémoire intime.
Par l’intermédiaire de ses personnages il consacre des chapitres sur des problèmes d’actualités avec brio par exemple sur le management. Il règle leur compte aux cabinets de conseil avec un brio jubilatoire. Il passe au vitriol cette volonté de tout rationaliser, de tout calculer, de tout optimiser jusqu'à l'absurde, inspirée des méthodes anglo-saxonnes, qui a gangréné un monde du travail qui évoque parfois un asile de fous.
Et le titre « connemara » chanson qui apparaît comme le seul dénominateur commun entre la France d'en bas, la France des oubliés de la mondialisation « heureuse » résume la rencontre entre Hélène et Christophe.
Et après deux roman Nicolas Mathieu est un observateur précis et décapant qui manie avec maestria l'intime et le social.
L’amour François Bégaudeau
Sorti en 08/2023 lu en 03/2024
Résumé :
" J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l’un de l’autre. C’est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n’est pas sûr. "
F. B.
Ce roman pourrait se résumer à chronique d’un couple ordinaire.
Et justement si ce couple n’était pas ordinaire ? Une vie de couple résumée en 90 pages, sans heurt, une vie de couple presque soporifique mais toujours amoureux et pouvant compter l’un sur l’autre ; de petites attentions, rares, mais sincères, de disputes et de compromis, jusqu'au bout, quoiqu'il arrive…
C’est l’amour avec un petit « a » celui qui ne déchaine pas les passions et qui ne s’étale pas à la une des journaux ; mais de cette banalité émerge finalement quelque chose de beau mélange de fidélité et de tendresse… de l'amour, certes sans majuscule, mais tout de même émouvant…et en toile de fond et si c’était l’amour des gens modestes ?
Un agréable moment de lecture.
La prochaine fois que tu mordras la poussière : Panayotis Pascot
Sorti 23/08/2023 lu en 01/2024
Résumé :
« Ce livre me fait peur. Le processus a été douloureux. Mon père nous a annoncé qu’il n’allait pas tarder à mourir et je me suis mis à écrire. Trois années au peigne fin, mes relations, mes pensées paranoïaques, mon rapport étrange à lui, crachés sur le papier. Je me suis donné pour but de le tuer avant qu’il ne meure. C’est l’histoire de quelqu’un qui cherche à tuer. Soi, ou le père, finalement ça revient au même. »
Panayotis Pascot s’attaque d’une plume tranchante et moderne à trois thématiques qu’il tisse pour composer un récit autobiographique aussi acide qu’ultralucide. La relation au père, l’acceptation de son homosexualité et la dépression s’enchevêtrent ici dans un violent passage à l’âge adulte. Mais la lumière en sort toujours, d’un regard, d’une façon d’observer le quotidien avec autant de tendresse et d’humour que de clairvoyance.
Ne regardant pas la télé et n’étant pas sur les réseaux sociaux, je ne connais pas Panayotis Pascot et j’avoue qu’après avoir lu ce livre je n’ai pas de manque !!
Le livre : Un exutoire, une confession, une psychothérapie, le tout à la fois plus un cri du corps !
Mais... je ne suis pas psychothérapeute et les états d'âme de ce corps m'ont laissé de marbre. C'est un journal intime, chaotique, qui est devenu un livre (en essayant d’y mettre des phrases mais peu de ponctuation !!), Un déballage en vrac de sexe, de haine, d’idées noires sans tabou mais toujours autocentrées.
1 iere partie le père, 2ieme la sexualité (homosexualité) 3 la dépression
Je pense qu'il devrait changer de psy, parce que le sien ne l'a pas assez aidé pour qu'il se soit cru obligé d'imposer ce livre sur sa vie aux lecteurs.
L’homme : Je pense surtout qu'il s'est pris au jeu de l'artiste.. artiste de 26 ans qui doit surjouer ..même sa vie personnelle.
Je ne comprends pas l'engouement médiatique pour ce récit…
Triste tigre : Neige Sinno
sorti 7/08/2023 lu 01/2024
Résumé :
« Il disait qu’il m’aimait. Il disait que c’est pour pouvoir exprimer cet amour qu’il me faisait ce qu’il me faisait, il disait que son souhait le plus cher était que je l’aime en retour. Il disait que s’il avait commencé à s’approcher de moi de cette manière, à me toucher, me caresser c’est parce qu’il avait besoin d’un contact plus étroit avec moi, parce que je refusais de me montrer douce, parce que je ne lui disais pas que je l’aimais. Ensuite, il me punissait de mon indifférence à son égard par des actes sexuels. »
Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte. Elle tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Il s’agit aussi de la manière dont fonctionne ce texte, qui nous entraîne dans une réflexion sensible, intelligente, et d’une sincérité tranchante. Ce livre est un récit confession qui porte autant sur les faits et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Elle nous entraîne dans une relecture radicale de Lolita de Nabokov, ou de Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol (Toni Morrison, Christine Angot, Virginie Despentes). Comment raconter le « monstre », « ce qui se passe dans la tête du bourreau », ne pas se contenter du point de vue de la victime ? Jusqu’à reprendre la question que le poète William Blake adressait au Tigre : « Comment Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer ? » (The Tyger). Le récit de Neige Sinno nous fait alors entrer dans la communauté de celles et ceux qui ont connu « l’autre lieu », celui de la nuit et du mal, qui ont pu s’en extraire mais qui en sont à jamais marqués, et se tiennent ainsi à la frontière des ténèbres et du jour. Nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout, écrire son récit comme une « petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture. Elle a l’intensité et la fragilité des choses conçues dans la solitude et la colère. Elle en a aussi la folle et ridicule ambition, qui est de faire voler ce monde en éclats. »
Ce livre a reçu le prix Goncourt des lycéens 2023 dans la catégorie roman
Personnellement je l’aurai classé en documentaire car c’est avant tout une biographie et il y a beaucoup de références littéraires.
Ce livre est le récit d'une enfance volée, et plus précisément violée : celle de l'auteure, qui pendant des années fut abusée par son beau-père, « qui avait trouvé comme seule possibilité d'entrer en contact avec elle celle de la sexualité ».
Dès la première page, le ton est donné, le langage cru, et l'atrocité des actes clairement évoqués tels qu'ils ont été vécus ; l'auteure ne cherche ni à ménager la sensibilité du lecteur pas plus qu'à se victimiser.
Ces dernières années, beaucoup de romans ont abordé ce thème, tous plus poignants et révoltants les uns que les autres, mais celui-ci se distingue par le fait que, Neige Sinno en prenant de la distance sur sa propre histoire, ouvre la réflexion sur le mécanisme du viol : ce qui fait d'un homme un violeur, le mécanisme de la domination qui s'installe, les conséquences sur la cellule familial de la révélation des faits, la tenue d'un procès, l'après et l'impossible reconstruction, entre autres questionnements.
C'est un livre dont on ne sort pas indemne, C'est un livre épouvantable.
Très bien écrit.
Percutant.
Brutal.
Juste.
Veiller sur elle : Jean-Baptiste Andrea
Paru 17/08/2023 lu 12/2023
Prix Goncourt 2023
Résumé :
Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains.
Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d'une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l'ombre d'un palais génois. Mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne.
Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l'autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l'Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s'il doit perdre Viola ?
Un roman plein de fougue et d'éclats, habité par la grâce et la beauté.
Un homme se meurt dans une abbaye en Italie. L'auteur étire ce dernier soupir en un roman. L’histoire est presque vieille comme le monde : 2 êtres, Mimo et viola, que tout oppose et dont les vies vont être intimement liées.
Ce roman, à l'écriture très agréable à lire, c'est aussi un petit morceau de l'Histoire, qui vient s'imbriquer dans la petite, puisque nous allons parler d'art, de religion et suivre la politique italienne, dont l'arrivée au pouvoir du fascisme et de Mussolini.
« Veiller sur elle » est un roman qui, sous couvert de développer une formidable histoire d'amitié, parle d'ambition, de rêves, d'espoirs, de trahisons.
Un très beau moment de lecture.
Mathieu Belezi : attaquer la terre et le soleil
Livre paru en 09/2022 lu en 12/2023
Ce roman a obtenu le Prix du Livre Inter 2023
Résumé :
Salué par la critique depuis vingt ans mais encore méconnu du grand public, Mathieu Belezi livre avec Attaquer la terre et le soleil un roman magistral, qui incarne la folie et l'enfer de la colonisation de l'Algérie au 19e siècle.
Attaquer la terre et le soleil narre le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c'est toute l'expérience d'un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne.
Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une œuvre romanesque d'une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès les premières lignes d' Attaquer la terre et le soleil fait écho à Le Petit Roi, son premier roman publié en 1998 aux éditions Phébus. Quant à son thème, il renvoie évidemment à sa grande trilogie algérienne, publiée successivement aux éditions Albin Michel (C’était notre terre, 2008) et Flammarion ( Les vieux Fous, 2011 ; Un faux pas dans la vie d'Emma Picard, 2015). Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce nouveau roman ? Écrit en quelques mois, Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, à travers les voix d'une femme et d'un soldat, la folie, l'enfer, que fut cette colonisation.
Il y a des pans de l'Histoire dont on ne sait pas grand-chose et qui nous définissent pourtant. La colonisation de l'Algérie est de ceux-là.
Dans ce court livre, Matthieu Belezi entre tout de suite dans le vif du sujet: le début de la colonisation en Algérie avec deux points de vue :
-Celui des braves colons volontaires à qui on a promis un avenir radieux, des terres à défricher certes mais la certitude de devenir un propriétaire terrien prospère sous le doux soleil de l'Afrique
La réalité est tout autre: un logement misérable, une chaleur insupportable, le choléra, le paludisme et toutes les maladies du monde dans un contexte hostile , bien caché par les autorités avant leur départ pour une contrée décrite comme idyllique Dur retour au réel
-L'autre point de vue est celui des militaires. Pour eux, pas de rêve. Ils savent très bien où ils vont et pourquoi : apporter à un peuple archaïque les vertus de la civilisation. Ils sont là pour leur apporter le bonheur version française.
Après avoir lu ce roman qui évoque régulièrement Dieu afin de traduire l'effroi des narrateurs, c'est à mon tour de le citer car, Mon Dieu, quelle claque cette narration !
A lire
Nicolas Vanier Le Chant du Grand Nord tome 1 le chasseur de rêve
Paru 01/2002 lu en 09/2023
RÉSUMÉ :
Mis au ban de son village, le jeune chasseur indien, Ohio, part seul avec ses chiens vers la traversée des Montagnes Rocheuses.
Riche d’années d’aventures et d’une écriture aussi rigoureuse qu’évocatrice, Nicolas Vanier nous livre ici un grand roman initiatique aux accents de Jack London.
Ce livre est une ode à la nature avant l’arrivée des blancs.
Ce livre est une longue quête initiatique d’Ohio sur les pas de son père.
J’ai aimé ce livre pour :
L’explication des relations d’un homme avec ses chiens de traineaux
Nicolas Vanier étant aventurier du grand nord nous fait partager son expérience de vie en milieu hostile ainsi, Dans des décors magnifiques, Ohio va nous faire découvrir la vie des Indiens
On découvre l'étendue désastreuse de l'arrivée des Anglais et des Français venus en conquérant sur la Terre des Indiens…Le blanc ne ressort pas grandi de ce texte
Nicolas Vanier Le Chant du Grand Nord tome 2 le chant du grand nord
Paru 01/2017 lu en 11/2023
RÉSUMÉ
Dans les neiges du Grand Nord canadien, au début du XIXe siècle, Ohio, quinze ans, mis au ban de son village pour ne pas avoir respecté les traditions ancestrales, part droit devant lui. C'est l'un des plus habiles chasseurs de son clan, les Nahannis, les Indiens protégés par le Grand Esprit du caribou.
Ohio poursuit une chimère : il y a longtemps, sa mère a guidé d'étranges hommes blancs dans la montagne gelée. Ohio veut retrouver leur chef, Cooper, son père. C'est un jeune homme fier et courageux, sûr de sa valeur, qui se lance seul à l'assaut des terribles montagnes Rocheuses, avec pour tout équipage ses chiens qui veillent sur lui.
Au cours de son voyage qui le mène toujours plus loin vers l'est, Ohio tombe éperdument amoureux d'une Indienne éprise de vie sauvage, Mayoké. Avec elle, il rêve de vivre en paix parmi les siens. Mais, au-delà des montagnes, il découvre une réalité qu'il ne connaît pas : la violence et la barbarie ; un pays ravagé par la guerre, où les Indiens, enrôlés par les Blancs, s'arrachent les territoires de chasse et meurent de maladies inconnues.
Ohio, fils d'une Indienne et d'un Blanc, trait d'union entre ces deux cultures, saura-t-il protéger son peuple de la destruction qui le guette ?
Même impression que le tome 1 : que d’aventure mais pas réaliste ..sinon on comprends les désastres de la colonisation
-sur les hommes =>les Indiens perdent leurs repères et leur mode de vie
-sur les animaux =>toujours plus de chasse pour récupérer les fourrures pour les riches européennes=>de moins en moins d’animaux à manger=>la famine des Indiens
Lola Lafon : quand tu écouteras cette chanson
Paru en 08/2022 lu en 10/2023
Résumé :
Le 18 août 2021, j'ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l'Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Comment l'appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment ? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ?
Celle d'une jeune fille, qui n'aura pour tout voyage qu'un escalier à monter et à descendre, moins d'une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l'imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J'imaginais la nuit propice à accueillir l'absence d'Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s'est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l'Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver.
Prix décembre 2022
J’ai choisi ce livre car il est dans la série « une nuit au musée » et cette série est intéressante car l’écrivain seul en un lieu clos se livre et c’est le cas ici puisque l’histoire d’Anne Franck fait résonnance avec l’histoire de l’autrice juive roumaine dont la famille a été exterminée dans les camps de concentration.
Ce livre est classé Documentaire et non Roman et cela a de l’importance car ce n’est pas de l’imaginaire ce sont des faits réels et dans les heures sombres de notre actualité il est bon de le rappeler.
J'ai été très touchée par la sensibilité et la délicatesse de Lola Lafon, qui, tout en arpentant les pièces de l'Annexe, mêle avec beaucoup de naturel et de précision ses pensées concernant Anne Frank, les informations passionnantes sur leur vie quotidienne de reclus qu'elle a collectées et des pans de sa propre vie. Tout cela est d'une étonnante fluidité, et on passe d'un sujet à l'autre avec facilité, des temps d'intense émotion succèdent à des temps plus calmes, dans un rythme subtilement dosé.
Un superbe hommage très émouvant à Anne Frank rendu tout en finesse par Lola Lafon, ainsi qu'à ses propres aïeux.
Maria Larrea : les gens de bilbao naissent toujours quelque part
Paru 08/2022 lu en 10/2023
Résumé :
L'histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu'elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d'une fille et la laisse aux soeurs d'un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L'enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l'aimera. Le garçon, c'est Julian. La fille, Victoria.
Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice. Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l'enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et soeurs, l'équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l'orphelinat pour s'embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France.
La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d'immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s'extirpe de ses origines.
Jusqu'à ce que le sort l'y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu'elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C'est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l'enquête de la narratrice. Stupéfiant de talent, d'énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot.
Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d'images et d'esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Une histoire d'orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d'amour et de quête de soi. Et la naissance d'une écrivaine.
Ce premier roman est une autobiographie qui a des airs d’Almodovar. ..Normal puisque nous sommes en Espagne et du genre à vous livrer de cruels secrets.
Julian et Victoria, brisés dès le départ par un environnement familial toxique. Ils se rencontrent, c'est l'amour fou, les projets et l'espoir plein la tête. Mais la désillusion pointe le bout de son nez… Le désir d'enfant est omniprésent mais il ne se concrétise pas.
Sur fond d'un terrible fait historique que je ne connaissais pas (les enfants volés pendant l'époque franquiste), l'auteure nous livre un roman attachant sur la filiation, les secrets de famille, l'attachement à sa terre d'origine….
J'ai aussi découvert à quel point la perte ou la trahison sur ses origines peut être une douleur terrible…
J'ai aimé le style, la construction des premiers chapitres… jusqu'à la découverte. J'ai trouvé que la 2nde partie est plus superficielle, plus auto-centrée, pour moi presque un peu bâclée. Peut-être trop de choses à raconter…où à hurler.
Un joli moment de lecture mais je n'ai pas été aussi enthousiasmé que la blogosphère.
Nasim Marashi : L'automne est la dernière saison
Paru en 01/2023 lu en 09/2023
Résumé :
Dans le brouhaha des rues agitées de Téhéran, Leyla, Shabaneh et Roja sont à l'heure des choix. Trois jeunes femmes diplômées, tiraillées entre les traditions, leur modernité et leurs désirs.
Leyla rêve de journalisme ou de devenir libraire. Son mari, pourtant aimant et attentionné, a émigré sans elle. A-t-elle eu raison de ne pas le suivre et de rester ? Shabaneh est courtisée par son collègue, qui voit en elle une épouse parfaite. Comment démêler si elle l'aime, si elle peut se résoudre à abandonner son frère handicapé, alors qu'elle en est l'unique protection ? Roja, la plus ambitieuse, travaille dans un cabinet d'architectes, et s'est inscrite en doctorat à Toulouse - il ne manque plus que son visa, passeport pour la liberté.
Vraiment ? La solution est-elle toujours de partir ?
En un été et un automne, elles vont devoir décider. D'espoirs en incertitudes, de compromis en déconvenues, elles affrontent leurs contradictions entre rires et larmes, soudées par un lien indéfectible mais qui soudain vacille, tant leurs rêves sont différents.
L'automne est la dernière saison est une magnifique histoire d'amour et d'amitié, sensible et bouleversante, profondément ancrée dans la société iranienne d'aujourd'hui, et pourtant prodigieusement universelle.
Ce livre est intéressant car il est écrit par une Iranienne alors que les femmes de ce pays manifestent face aux mollahs.
En racontant leurs parcours respectifs, Nasim Marashi brosse le portrait saisissant de la jeune génération dans l'Iran d'aujourd'hui…Ces 3 jeunes femmes sont à la croisée des chemins et doutent « On n'est plus du même monde que nos mères mais on n'est pas encore de celui de nos filles. Notre cœur penche vers le passé et notre esprit vers le futur. » le corps et l'esprit nous tirent chacun de son côté, on est écartelées.
Le récit passant de l'une à l'autre, avec leur quotidien professionnel, familial ou amoureux, avec pour chacune des prises de décisions essentielles, malaisées à prendre.
Faut-il partir pour être heureuse, Ce premier roman a connu en grand succès en Iran
Gaëlle Josse : la nuit des pères
Paru 08/2022 lu en 10/2023
Résumé :
« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m'as dit ça, aussi.
De toutes mes forces, j'ai voulu faire mentir ta malédiction. »
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli.
Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C’est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer.
Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l’ombre de la grande Histoire, du poison qu’elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence.
Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule.
Avec ce texte à vif, Gaëlle Josse nous livre un roman d'une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.
Ce roman parle de la mémoire traumatique d’un père et des conséquences sur la vie de famille. Présenté ainsi, cela fait peur mais ce livre est magnifique. C'est avec justesse, délicatesse, beaucoup de sensibilité et d'humanité que Gaëlle Josse dépeint les relations entre les membres de cette famille meurtrie et comment peu à peu ces ultimes retrouvailles vont réussir à adoucir cette tension.
C'est un coup de cœur, un roman très fort sur les blessures de l'enfance, la filiation, les secrets de famille et l'impact d'un passé tragique sur les générations suivantes.
A prendre ou à laisser : Lionel Shriver
Paru en 01/2023 lu en 07/2023
Résumé :
Pendant dix ans, Kay a assisté son père atteint de la maladie d’Alzheimer. A la mort de ce dernier, le soulagement l’emporte sur la tristesse et une question surgit : comment gérer sa propre fin de vie ?
Une discussion avec son mari Cyril, quelques verres de vin et les voici qui en viennent à nouer un pacte. Certes, ils n’ont que cinquante ans, sont en bonne santé et comptent bien profiter encore de leurs proches, lais pas question de faire peser sur ceux-ci et sur la société leur inéluctable déliquescence. C’est décidé, le jour de leurs quatre-vingts ans, Kay et Cyril partiront ensemble.
Le temps passe et voici qu’arrive la date fatidique.
Une date, douze possibilités et une conclusion : dans la vie, tout est à prendre ou à laisser…
Lionel Shriver met toute son ironie, son acuité et sa tendresse dans cette nouvelle bombe de provocation. Hilarante et touchante, une œuvre explosive doublée d’une réflexion mordante sur notre rapport à la vieillesse et sur l’art délicat de préparer sa sortie.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Catherine Gibert.
Malgré le sujet abordé « la fin de vie » ce livre nous questionne avec humour.
Et oui ce roman est drôle : est-ce l’humour anglais ? est-ce les 12 possibilités de fin de vie ? Quand la date de péremption approche, quel scénario choisir ? C'est à prendre ou à laisser, mais c'est surtout à prendre au second degré malgré tout le sérieux et le réalisme incroyable que véhicule ce récit.
Un roman foisonnant, imaginatif mais j’insiste sérieux..car l’auteur y aborde le Brexit, le covid, le système de couverture sociale anglaise, les maisons de retraite outre-manche et la médecine psychiatrique .
Je salue l'imagination débordante et débridée de l'auteure, de nombreuses réflexions bien senties sur ce que signifie vieillir dans notre société.
De plus ce roman est écrit selon un schéma original, chaque chapitre reprend nos deux protagonistes mais ce qui leur arrive diffère à chaque fois.
Il en résulte un texte original et décapant, souvent drôle, tendre aussi, pour une conclusion paradoxale et pourtant évidente : c'est son inévitable échéance qui donne toute sa valeur à la vie.
Les chemins d’exil et de lumière : Céline Lapertot
Paru en 01/2023 lu en 06/2023
Résumé :
Née à Kinshasa, Karelle Dia a 8 ans lorsque la guerre éclate. Avec sa mère, elle trouve asile en France dans des hôtels insalubres. Sous la menace constante d'une expulsion, la fillette saisit sa chance d'être scolarisée et se fait un devoir d'exceller. Aidée par une professeure, elle participe à un concours d'éloquence qui lui ouvre les portes de la réussite jusqu'à la Comédie-Française.
La dignité, le maitre mot de ce roman. C’est l’histoire de Karelle 8 ans et sa mère obligées de quitter le Congo pour cause de guerre. Elles arrivent en France remplies d’espoir, mais de démarches en démarches, de préfecture en préfecture, d’hôtel insalubres en hôtel insalubres seule teste la dignité.
Heureusement pour Karelle il y a l’école où « par dignité » elle excelle et sa participation à un concours d’éloquence à 15 bouleversera son destin.
D'expérience positives en déceptions, Karelle grandit, La mère et la fille se battront 7 ans.
Mais en toile de fond il y a le parcours des migrants, récit inspiré d’une histoire vraie. Un roman puissant sur le déracinement, une critique sociale implacable.
Ce livre suscite la prise de conscience car c’est un livre militant.
Tenir sa langue Polina Panassenko
paru19/08/2022 lu en 06/2023
Résumé :"Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur."
Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.
A son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.
Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celles des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la maternelchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.
Drôle, tendre, frondeur, "Tenir sa langue" révèle une voix hors du commun.
Après la chute de l'Union soviétique, la famille Panassenko émigre en France.
Les repères sont perdus, la culture est autre, chacun doit retrouver sa place, tout un apprentissage est nécessaire à commencer par celui de la langue, le français.
Pourtant la Russie reste présente chez parents et enfants, et ce d'autant plus que chaque année la famille retourne en Russie pour rendre visite aux grands-parents.
L'auteur est Pauline, mais est aussi Polina. "Polina dedans et Pauline dehors". C'est toute la difficulté de cette « double vie » qui nous est exposée là.
J’ai apprécié l'acuité du regard posé sur notre société, l'humour ; une franchise désarmante mais beaucoup de retour en arrière, on a du mal à se situer comme un manque d’architecture.
Les vertueux Yasmina Khadra
Paru en 08/2022 lu en 05/2023
Résumé :
J'ai vécu ce que j'avais à vivre et aimé du mieux que j'ai pu. Si je n'ai pas eu de chance ou si je l'ai ratée d'un cheveu, si j'ai fauté quelque part sans faire exprès, si j'ai perdu toutes mes batailles, mes défaites ont du mérite - elles sont la preuve que je me suis battu.Algérie, 1914. Yacine Chéraga n'avait jamais quitté son douar lorsqu'il est envoyé en France se battre contre les "Boches". De retour au pays après la guerre, d'autres aventures incroyables l'attendent. Traqué, malmené par le sort, il n'aura, pour faire face à l'adversité, que la pureté de son amour et son indéfectible humanité.Les Vertueux est un roman majeur, la plus impressionnante des oeuvres de Yasmina Khadra.
J'ai longuement hésité avant d’écrire cette critique. C'est toujours difficile d'avouer avoir trouvé un livre (très) moyen alors qu'il parait largement plébiscité par les lecteurs.
Les vertueux se situe entre le début de la 1ère guerre mondiale et le l'arrivée de la 2nde qui se profile.
J'ai beaucoup apprécié la première partie sur la guerre 14/18 et ces soldats africains et d'autres colonies qui n'avaient rien demandé, qui se retrouvent dans cette France inconnue pour la défendre et qui ne les respectait même pas.
Ensuite le retour en Algérie et tous les évènements que va vivre Yacine m'ont lassé, trop de rebondissements, de trahisons, de méchancetés, ..trop rocambolesque
Cela manque de vraisemblance...pour une fin émouvante ..bien entendu
Par contre très belle écriture et notamment la guerre 14/18 ; J'ai même trouvé cette partie tellement poignante qu'elle m'a émue bien davantage que les films que j'ai pu voir sur ce thème.
Beyrouth sur Seine Sabyl GHOIUSSOUB
Paru en 08/2022 lu en 04/2023
prix Goncourt des lycéens 2022
Résumé :
Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ?
Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ? Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles. Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme « Palestine », « organisation armée », « phalangistes » sont prononcés dans les JT français.
Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s’engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp. Le Liban, c’est la famille désormais.
Incisif, poétique et porté par un humour plein d’émotions, Beyrouth-sur-Seine est une réflexion sur la famille, l’immigration et ce qui nous reste de nos origines.
Le thème principal est l'exil, le déracinement et la quête d'identité, autant des parents que de l'auteur) mais il me semble plus être un documentaire qu’un roman ; Il raconte un exil (de parents) et une quête de racine (le fils cadet). Mème si le sujet « grave » est traité avec humour et dérision..c’est le premier prix des lycéens qui me déçoit.
Pourquoi : déjà quand lors des info les journalistes traitaient de la guerre au Liban entre les israéliens, les musulmans, les druzes, les … je n’y comprenais rien, je croyais comprendre avec ce récit mais non et ce qui me rassure c’est que même à l’intérieur d’une famille libanaise c’est aussi confus tant les acteurs ont tourné leur veste, De plus L'auteur ne suit pas l'ordre chronologique, cela n'aide pas le lecteur.
Beyrouth-sur-Seine donne l'impression d'être un livre écrit pour l'auteur (comme une thérapie)
De cette lecture sympathique mais maladroite, on ressort attendri par cette histoire familiale mais aussi déçu devant l'échec de la tentative.
Mes fragiles : Jérôme Garcin
Paru en 01/2023 lu en 03/2023
Résumé :
" C'était trop. Trop vite, trop tôt. Trop peu préparé à ce nouvel assaut de souffrance et de regrets. Trop de colère contre le destin. Trop de morts. Trop de prières et de miséricorde. Trop de Toussaint aux beaux jours. Trop de plus jamais. "
En l'espace de six mois disparaissent successivement la mère et le frère de l'auteur. Tandis qu'ils affrontent la maladie surgit un secret qui réécrit l'histoire de la famille.
Du même auteur, J’avais adoré « le dernier hiver du Cid » là …
Jérôme Garcin fait l’éloge funèbre de son frère et de sa mère disparus à 6 mois d’intervalles.
Mes fragiles racontent la vulnérabilité, les liens intimes tissés entre les êtres qu'on aime et qu'on chérit et leur fragilité. Ce texte est bouleversant d'affection retenue sans être impudique et il est très bien écrit mais il y a ce je ne sais quoi qui dérange peut être le fait de se croire une exception alors que chaque famille connait ce type de « passage à vide ».
La patience des traces Jeanne Benameur
Paru 01/2022 lu en 02/2023
Résumé :
Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d'un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et - d'un rivage à l'autre - par le lointain Japon : ses rituels, son art de réparer (l'ancestrale technique du kintsugi), ses floraisons...
Quête initiatique qui contient aussi tout un roman d'apprentissage bâti sur le feu et la violence (l'amitié, la jeunesse, l'océan), c'est un livre de silence(s) et de rencontre(s), le livre d'une grande sagesse, douce, têtue, et bientôt, sereine.
Ce roman est un voyage à tous les sens du terme Voyage sur une ile désertique du japon qui permet de faire un voyage dans ses souvenirs. En un mot c’est un psychanalyste qui après avoir écouté les autres s’écoute et ainsi se soigne de toutes ses rancœurs et tristesse accumulées tout au long de la vie. Un simple bol cassé lui fait prendre conscience qu'il doit se poser, faire le point et cesser un temps de prendre en charge (c'est son métier) les douleurs psychologiques des autres. Il part se reconstruire dans une île japonaise auprès d'un couple de sages et d'artistes qui lui apprennent la "patience" nécessaire à l'introspection. Ce roman est une auto-analyse, Quête initiatique, tout se permet de se reconnecter à soi-même.
Phrases courtes, propos essentiels, agréable à lire.
Tout le bleu du ciel Mélissa Da Costa
Lu en 02/2022
Résumé :
Petites annonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.
Un livre aux dialogues impeccables et aux personnages touchants d’humanité
Un livre qui n’a quasi que des avis positifs c’est rare..
Un livre vraiment surprenant. On y baigne en effet dans la sérénité alors même qu'il raconte l'histoire de deux êtres torturés et vaincus par les caprices du destin. Même si on peut classer ce roman dans le style « feel good », le charme opère. On s'attache à ce duo insolite qui a tout à apprendre l'un de l'autre. On se plonge avec un certain ravissement dans les souvenirs de chacun. Les majestueuses Pyrénées ne sont qu'un prétexte, le seul voyage qu'entreprennent Joanne et Émile est à l'intérieur d'eux-mêmes, de leur âme…
L'évolution de la maladie d'Emile est très bien décrite et à la fin de ce livre je vais relire Paolo Coelho l’alchimiste qui semble la bible de ces deux personnages.
“Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant.”
Paulo Coelho