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Retrouvez nos derniers avis, critiques ..... par Françoise DAGONNEAU, bénévole à la bibliothèque

Attaquer la terre et le soleil - Prix inter 2023 - 1Mathieu Belezi : attaquer la terre et le soleil

Livre paru en 09/2022 lu en 12/2023

Ce roman a obtenu le Prix du Livre Inter 2023

Résumé :

Salué par la critique depuis vingt ans mais encore méconnu du grand public, Mathieu Belezi livre avec Attaquer la terre et le soleil un roman magistral, qui incarne la folie et l'enfer de la colonisation de l'Algérie au 19e siècle.
Attaquer la terre et le soleil narre le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c'est toute l'expérience d'un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne.
Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une œuvre romanesque d'une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès les premières lignes d' Attaquer la terre et le soleil fait écho à Le Petit Roi, son premier roman publié en 1998 aux éditions Phébus. Quant à son thème, il renvoie évidemment à sa grande trilogie algérienne, publiée successivement aux éditions Albin Michel (C’était notre terre, 2008) et Flammarion ( Les vieux Fous, 2011 ; Un faux pas dans la vie d'Emma Picard, 2015). Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce nouveau roman ? Écrit en quelques mois, Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, à travers les voix d'une femme et d'un soldat, la folie, l'enfer, que fut cette colonisation.

Il y a des pans de l'Histoire dont on ne sait pas grand-chose et qui nous définissent pourtant. La colonisation de l'Algérie est de ceux-là.

Dans ce court livre, Matthieu Belezi entre tout de suite dans le vif du sujet: le début de la colonisation en Algérie avec deux points de vue :
-Celui des braves colons volontaires à qui on a promis un avenir radieux, des terres à défricher certes mais la certitude de devenir un propriétaire terrien prospère sous le doux soleil de l'Afrique
La réalité est tout autre: un logement misérable, une chaleur insupportable, le choléra, le paludisme et toutes les maladies du monde dans un contexte hostile , bien caché par les autorités avant leur départ pour une contrée décrite comme idyllique Dur retour au réel
-L'autre point de vue est celui des militaires. Pour eux, pas de rêve. Ils savent très bien où ils vont et pourquoi : apporter à un peuple archaïque les vertus de la civilisation. Ils sont là pour leur apporter le bonheur version française.

Après avoir lu ce roman qui évoque régulièrement Dieu afin de traduire l'effroi des narrateurs, c'est à mon tour de le citer car, Mon Dieu, quelle claque cette narration !

A lire

 

Le Chant du Grand Nord (édition intégrale) - 1Nicolas Vanier Le Chant du Grand Nord  tome 1 le chasseur de rêve

Paru 01/2002 lu en 09/2023

RÉSUMÉ :

Mis au ban de son village, le jeune chasseur indien, Ohio, part seul avec ses chiens vers la traversée des Montagnes Rocheuses.
Riche d’années d’aventures et d’une écriture aussi rigoureuse qu’évocatrice, Nicolas Vanier nous livre ici un grand roman initiatique aux accents de Jack London.

Ce livre est une ode à la nature avant l’arrivée des blancs.

Ce livre est une longue quête initiatique d’Ohio sur les pas de son père.

J’ai aimé ce livre pour :

L’explication des relations d’un homme avec ses chiens de traineaux

Nicolas Vanier étant aventurier du grand nord nous fait partager son expérience de vie en milieu hostile ainsi, Dans des décors magnifiques, Ohio va nous faire découvrir la vie des Indiens

On découvre l'étendue désastreuse de l'arrivée des Anglais et des Français venus en conquérant sur la Terre des Indiens…Le blanc ne ressort pas grandi de ce texte

Nicolas Vanier Le Chant du Grand Nord  tome 2 le chant du grand nord

Paru 01/2017 lu en 11/2023

RÉSUMÉ

Dans les neiges du Grand Nord canadien, au début du XIXe siècle, Ohio, quinze ans, mis au ban de son village pour ne pas avoir respecté les traditions ancestrales, part droit devant lui. C'est l'un des plus habiles chasseurs de son clan, les Nahannis, les Indiens protégés par le Grand Esprit du caribou.
Ohio poursuit une chimère : il y a longtemps, sa mère a guidé d'étranges hommes blancs dans la montagne gelée. Ohio veut retrouver leur chef, Cooper, son père. C'est un jeune homme fier et courageux, sûr de sa valeur, qui se lance seul à l'assaut des terribles montagnes Rocheuses, avec pour tout équipage ses chiens qui veillent sur lui.
Au cours de son voyage qui le mène toujours plus loin vers l'est, Ohio tombe éperdument amoureux d'une Indienne éprise de vie sauvage, Mayoké. Avec elle, il rêve de vivre en paix parmi les siens. Mais, au-delà des montagnes, il découvre une réalité qu'il ne connaît pas : la violence et la barbarie ; un pays ravagé par la guerre, où les Indiens, enrôlés par les Blancs, s'arrachent les territoires de chasse et meurent de maladies inconnues.
Ohio, fils d'une Indienne et d'un Blanc, trait d'union entre ces deux cultures, saura-t-il protéger son peuple de la destruction qui le guette ?

Même impression que le tome 1 : que d’aventure mais pas réaliste ..sinon on comprends les désastres de la colonisation

-sur les hommes =>les Indiens perdent leurs repères et leur mode de vie

-sur les animaux =>toujours plus de chasse pour récupérer les fourrures pour les riches européennes=>de moins en moins d’animaux à manger=>la famine des Indiens

 

Quand tu écouteras cette chanson PRIX DECEMBRE 2022 - 1Lola Lafon : quand tu écouteras cette chanson

Paru en 08/2022 lu en 10/2023

Résumé :

Le 18 août 2021, j'ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l'Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Comment l'appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment ? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ?
Celle d'une jeune fille, qui n'aura pour tout voyage qu'un escalier à monter et à descendre, moins d'une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l'imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J'imaginais la nuit propice à accueillir l'absence d'Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s'est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l'Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver.
Prix décembre 2022

J’ai choisi ce livre car il est dans la série « une nuit au musée » et cette série est intéressante car l’écrivain seul en un lieu clos se livre et c’est le cas ici puisque l’histoire d’Anne Franck fait résonnance avec l’histoire de l’autrice juive roumaine dont la famille a été exterminée dans les camps de concentration.

Ce livre est classé Documentaire et non Roman et cela a de l’importance car ce n’est pas de l’imaginaire ce sont des faits réels et dans les heures sombres de notre actualité il est bon de le rappeler.

J'ai été très touchée par la sensibilité et la délicatesse de Lola Lafon, qui, tout en arpentant les pièces de l'Annexe, mêle avec beaucoup de naturel et de précision ses pensées concernant Anne Frank, les informations passionnantes sur leur vie quotidienne de reclus qu'elle a collectées et des pans de sa propre vie. Tout cela est d'une étonnante fluidité, et on passe d'un sujet à l'autre avec facilité, des temps d'intense émotion succèdent à des temps plus calmes, dans un rythme subtilement dosé.
Un superbe hommage très émouvant à 
Anne Frank rendu tout en finesse par Lola Lafon, ainsi qu'à ses propres aïeux.

 

 

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent - 1Maria Larrea : les gens de bilbao naissent toujours quelque part

Paru 08/2022 lu en 10/2023

Résumé :

L'histoire commence en Espagne, par deux naissances et deux abandons. En juin 1943, une prostituée obèse de Bilbao donne vie à un garçon qu'elle confie aux jésuites. Un peu plus tard, en Galice, une femme accouche d'une fille et la laisse aux soeurs d'un couvent. Elle revient la chercher dix ans après. L'enfant est belle comme le diable, jamais elle ne l'aimera. Le garçon, c'est Julian. La fille, Victoria.
Ce sont le père et la mère de Maria, notre narratrice. Dans la première partie du roman, celle-ci déroule en parallèle l'enfance de ses parents et la sienne. Dans un montage serré champ contre champ, elle fait défiler les scènes et les années : Victoria et ses dix frères et soeurs, l'équipe de foot du malheur ; Julian fuyant l'orphelinat pour s'embarquer en mer. Puis leur rencontre, leur amour et leur départ vers la France.
La galicienne y sera femme de ménage, le fils de pute, gardien du théâtre de la Michodière. Maria grandit là, parmi les acteurs, les décors, les armes à feu de son père, basque et révolutionnaire, buveur souvent violent, les silences de sa mère et les moqueries de ses amies. Mais la fille d'immigrés coude son destin. Elle devient réalisatrice, tombe amoureuse, fonde un foyer, s'extirpe de ses origines.
Jusqu'à ce que le sort l'y ramène brutalement. A vingt-sept ans, une tarologue prétend qu'elle ne serait pas la fille de ses parents. Pour trouver la vérité, il lui faudra retourner à Bilbao, la ville où elle est née. C'est la seconde partie du livre, où se révèle le versant secret de la vie des protagonistes au fil de l'enquête de la narratrice. Stupéfiant de talent, d'énergie et de force, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent nous happe dès le premier mot.
Avec sa plume enlevée, toujours tendue, pleine d'images et d'esprit, Maria Larrea reconstitue le puzzle de sa mémoire familiale et nous emporte dans le récit de sa vie, plus romanesque que la fiction. Une histoire d'orphelins, de mensonges et de filiation trompeuse. De corrida, d'amour et de quête de soi. Et la naissance d'une écrivaine.

 

Ce premier roman est une autobiographie qui a des airs d’Almodovar. ..Normal puisque nous sommes en Espagne et du genre à vous livrer de cruels secrets.

Julian et Victoria, brisés dès le départ par un environnement familial toxique. Ils se rencontrent, c'est l'amour fou, les projets et l'espoir plein la tête. Mais la désillusion pointe le bout de son nez…  Le désir d'enfant est omniprésent mais il ne se concrétise pas. 

Sur fond d'un terrible fait historique que je ne connaissais pas (les enfants volés pendant l'époque franquiste), l'auteure nous livre un roman attachant sur la filiation, les secrets de famille, l'attachement à sa terre d'origine….

J'ai aussi découvert à quel point la perte ou la trahison sur ses origines peut être une douleur terrible…

J'ai aimé le style, la construction des premiers chapitres… jusqu'à la découverte. J'ai trouvé que la 2nde partie est plus superficielle, plus auto-centrée, pour moi presque un peu bâclée. Peut-être trop de choses à raconter…où à hurler.

Un joli moment de lecture mais je n'ai pas été aussi enthousiasmé que la blogosphère.

 

L’automne est la dernière saison - 1Nasim Marashi : L'automne est la dernière saison

Paru en 01/2023 lu en 09/2023

Résumé :

Dans le brouhaha des rues agitées de Téhéran, Leyla, Shabaneh et Roja sont à l'heure des choix. Trois jeunes femmes diplômées, tiraillées entre les traditions, leur modernité et leurs désirs.
Leyla rêve de journalisme ou de devenir libraire. Son mari, pourtant aimant et attentionné, a émigré sans elle. A-t-elle eu raison de ne pas le suivre et de rester ? Shabaneh est courtisée par son collègue, qui voit en elle une épouse parfaite. Comment démêler si elle l'aime, si elle peut se résoudre à abandonner son frère handicapé, alors qu'elle en est l'unique protection ? Roja, la plus ambitieuse, travaille dans un cabinet d'architectes, et s'est inscrite en doctorat à Toulouse - il ne manque plus que son visa, passeport pour la liberté.
Vraiment ? La solution est-elle toujours de partir ?
En un été et un automne, elles vont devoir décider. D'espoirs en incertitudes, de compromis en déconvenues, elles affrontent leurs contradictions entre rires et larmes, soudées par un lien indéfectible mais qui soudain vacille, tant leurs rêves sont différents.
L'automne est la dernière saison est une magnifique histoire d'amour et d'amitié, sensible et bouleversante, profondément ancrée dans la société iranienne d'aujourd'hui, et pourtant prodigieusement universelle.

Ce livre est intéressant car il est écrit par une Iranienne alors que les femmes de ce pays manifestent face aux mollahs.

En racontant leurs parcours respectifs, Nasim Marashi brosse le portrait saisissant de la jeune génération dans l'Iran d'aujourd'hui…Ces 3 jeunes femmes sont à la croisée des chemins et doutent « On n'est plus du même monde que nos mères mais on n'est pas encore de celui de nos filles. Notre cœur penche vers le passé et notre esprit vers le futur. » le corps et l'esprit nous tirent chacun de son côté, on est écartelées.

Le récit passant de l'une à l'autre, avec leur quotidien professionnel, familial ou amoureux, avec pour chacune des prises de décisions essentielles, malaisées à prendre.

Faut-il partir pour être heureuse, Ce premier roman a connu en grand succès en Iran

 

La nuit des pères - 1Gaëlle Josse : la nuit des pères

Paru 08/2022 lu en 10/2023

Résumé :

« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m'as dit ça, aussi.
De toutes mes forces, j'ai voulu faire mentir ta malédiction. »
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli.
Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C’est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer.
Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l’ombre de la grande Histoire, du poison qu’elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence.
Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule.
Avec ce texte à vif, Gaëlle Josse nous livre un roman d'une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.

Ce roman parle de la mémoire traumatique d’un père et des conséquences sur la vie de famille. Présenté ainsi, cela fait peur mais ce livre est magnifique. C'est avec justesse, délicatesse, beaucoup de sensibilité et d'humanité que Gaëlle Josse dépeint les relations entre les membres de cette famille meurtrie et comment peu à peu ces ultimes retrouvailles vont réussir à adoucir cette tension.

C'est un coup de cœur, un roman très fort sur les blessures de l'enfance, la filiation, les secrets de famille et l'impact d'un passé tragique sur les générations suivantes.

 

À prendre ou à laisser - 1A prendre ou à laisser : Lionel Shriver
 Paru en 01/2023 lu en 07/2023

Résumé :

Pendant dix ans, Kay a assisté son père atteint de la maladie d’Alzheimer. A la mort de ce dernier, le soulagement l’emporte sur la tristesse et une question surgit : comment gérer sa propre fin de vie ?
Une discussion avec son mari Cyril, quelques verres de vin et les voici qui en viennent à nouer un pacte. Certes, ils n’ont que cinquante ans, sont en bonne santé et comptent bien profiter encore de leurs proches, lais pas question de faire peser sur ceux-ci et sur la société leur inéluctable déliquescence. C’est décidé, le jour de leurs quatre-vingts ans, Kay et Cyril partiront ensemble.
Le temps passe et voici qu’arrive la date fatidique.
Une date, douze possibilités et une conclusion : dans la vie, tout est à prendre ou à laisser…
Lionel Shriver met toute son ironie, son acuité et sa tendresse dans cette nouvelle bombe de provocation. Hilarante et touchante, une œuvre explosive doublée d’une réflexion mordante sur notre rapport à la vieillesse et sur l’art délicat de préparer sa sortie.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Catherine Gibert.

Malgré le sujet abordé « la fin de vie » ce livre nous questionne avec humour.

Et oui ce roman est drôle : est-ce l’humour anglais ? est-ce les 12 possibilités de fin de vie ? Quand la date de péremption approche, quel scénario choisir ? C'est à prendre ou à laisser, mais c'est surtout à prendre au second degré malgré tout le sérieux et le réalisme incroyable que véhicule ce récit.

Un roman foisonnant, imaginatif mais j’insiste sérieux..car l’auteur y aborde le Brexit, le covid, le système de couverture sociale anglaise, les maisons de retraite outre-manche et la médecine psychiatrique .

Je salue l'imagination débordante et débridée de l'auteure, de nombreuses réflexions bien senties sur ce que signifie vieillir dans notre société.

De plus ce roman est écrit selon un schéma original, chaque chapitre reprend nos deux protagonistes mais ce qui leur arrive diffère à chaque fois.

Il en résulte un texte original et décapant, souvent drôle, tendre aussi, pour une conclusion paradoxale et pourtant évidente : c'est son inévitable échéance qui donne toute sa valeur à la vie.

 

Les Chemins d'exil et de lumière - 1Les chemins d’exil et de lumière : Céline Lapertot

Paru en 01/2023 lu en 06/2023

Résumé :

Née à Kinshasa, Karelle Dia a 8 ans lorsque la guerre éclate. Avec sa mère, elle trouve asile en France dans des hôtels insalubres. Sous la menace constante d'une expulsion, la fillette saisit sa chance d'être scolarisée et se fait un devoir d'exceller. Aidée par une professeure, elle participe à un concours d'éloquence qui lui ouvre les portes de la réussite jusqu'à la Comédie-Française.

La dignité, le maitre mot de ce roman. C’est l’histoire de Karelle 8 ans et sa mère obligées de quitter le Congo pour cause de guerre. Elles arrivent en France remplies d’espoir, mais de démarches en démarches, de préfecture en préfecture, d’hôtel insalubres en hôtel insalubres seule teste la dignité.

Heureusement pour Karelle il y a l’école où « par dignité » elle excelle et sa participation à un concours d’éloquence à 15 bouleversera son destin.

D'expérience positives en déceptions, Karelle grandit, La mère et la fille se battront 7 ans.

Mais en toile de fond il y a le parcours des migrants, récit inspiré d’une histoire vraie. Un roman puissant sur le déracinement, une critique sociale implacable. 

Ce livre suscite la prise de conscience car c’est un livre militant.

 

Tenir sa langue Polina Panassenko

Tenir sa langue. - 1paru19/08/2022 lu en 06/2023

Résumé :"Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur."
Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.
A son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.
Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celles des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la maternelchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.

Drôle, tendre, frondeur, "Tenir sa langue" révèle une voix hors du commun.

Après la chute de l'Union soviétique, la famille Panassenko émigre en France.
Les repères sont perdus, la culture est autre, chacun doit retrouver sa place, tout un apprentissage est nécessaire à commencer par celui de la langue, le français.
Pourtant la Russie reste présente chez parents et enfants, et ce d'autant plus que chaque année la famille retourne en Russie pour rendre visite aux grands-parents.
L'auteur est Pauline, mais est aussi Polina. "Polina dedans et Pauline dehors". C'est toute la difficulté de cette « double vie » qui nous est exposée là.
J’ai apprécié l'acuité du regard posé sur notre société, l'humour ; une franchise désarmante mais beaucoup de retour en arrière, on a du mal à se situer comme un manque d’architecture.

 

Les Vertueux - 1Les vertueux Yasmina Khadra

Paru en 08/2022 lu en 05/2023

Résumé :

J'ai vécu ce que j'avais à vivre et aimé du mieux que j'ai pu. Si je n'ai pas eu de chance ou si je l'ai ratée d'un cheveu, si j'ai fauté quelque part sans faire exprès, si j'ai perdu toutes mes batailles, mes défaites ont du mérite - elles sont la preuve que je me suis battu.Algérie, 1914. Yacine Chéraga n'avait jamais quitté son douar lorsqu'il est envoyé en France se battre contre les "Boches". De retour au pays après la guerre, d'autres aventures incroyables l'attendent. Traqué, malmené par le sort, il n'aura, pour faire face à l'adversité, que la pureté de son amour et son indéfectible humanité.Les Vertueux est un roman majeur, la plus impressionnante des oeuvres de Yasmina Khadra.

J'ai longuement hésité avant d’écrire cette critique. C'est toujours difficile d'avouer avoir trouvé un livre (très) moyen alors qu'il parait largement plébiscité par les lecteurs.

Les vertueux se situe entre le début de la 1ère guerre mondiale et le l'arrivée de la 2nde qui se profile.

J'ai beaucoup apprécié la première partie sur la guerre 14/18 et ces soldats africains et d'autres colonies qui n'avaient rien demandé, qui se retrouvent dans cette France inconnue pour la défendre et qui ne les respectait même pas.
Ensuite le retour en Algérie et tous les évènements que va vivre Yacine m'ont lassé, trop de rebondissements, de trahisons, de méchancetés,  ..trop rocambolesque

Cela manque de vraisemblance...pour une fin émouvante ..bien entendu

Par contre très belle écriture et notamment la guerre 14/18 ; J'ai même trouvé cette partie tellement poignante qu'elle m'a émue bien davantage que les films que j'ai pu voir sur ce thème.

 

 

Beyrouth-sur-Seine - 1Beyrouth sur Seine  Sabyl GHOIUSSOUB

Paru en 08/2022 lu en 04/2023

prix Goncourt des lycéens 2022

Résumé :

Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ?
Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ? Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles. Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme « Palestine », « organisation armée », « phalangistes » sont prononcés dans les JT français.
Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s’engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp. Le Liban, c’est la famille désormais.
Incisif, poétique et porté par un humour plein d’émotions, Beyrouth-sur-Seine est une réflexion sur la famille, l’immigration et ce qui nous reste de nos origines.

Le thème principal est l'exil, le déracinement et la quête d'identité, autant des parents que de l'auteur) mais il me semble plus être un documentaire qu’un roman ; Il raconte un exil (de parents) et une quête de racine (le fils cadet). Mème si le sujet « grave » est traité avec humour et dérision..c’est le premier prix des lycéens qui me déçoit.

Pourquoi : déjà quand lors des info les journalistes traitaient de la guerre au Liban entre les israéliens, les musulmans, les druzes, les … je n’y comprenais rien, je croyais comprendre avec ce récit mais non et ce qui me rassure c’est que même à l’intérieur d’une famille libanaise c’est aussi confus tant les acteurs ont tourné leur veste, De plus L'auteur ne suit pas l'ordre chronologique, cela n'aide pas le lecteur.

Beyrouth-sur-Seine donne l'impression d'être un livre écrit pour l'auteur (comme une thérapie)
De cette lecture sympathique mais maladroite, on ressort attendri par cette histoire familiale mais aussi déçu devant l'échec de la tentative.

Mes fragiles - 1Mes fragiles : Jérôme Garcin

Paru en 01/2023 lu en 03/2023

Résumé :

" C'était trop. Trop vite, trop tôt. Trop peu préparé à ce nouvel assaut de souffrance et de regrets. Trop de colère contre le destin. Trop de morts. Trop de prières et de miséricorde. Trop de Toussaint aux beaux jours. Trop de plus jamais. "
En l'espace de six mois disparaissent successivement la mère et le frère de l'auteur. Tandis qu'ils affrontent la maladie surgit un secret qui réécrit l'histoire de la famille.

Du même auteur, J’avais adoré « le dernier hiver du Cid » là …

Jérôme Garcin fait l’éloge funèbre de son frère et de sa mère disparus à 6 mois d’intervalles.

Mes fragiles racontent la vulnérabilité, les liens intimes tissés entre les êtres qu'on aime et qu'on chérit et leur fragilité. Ce texte est bouleversant d'affection retenue sans être impudique et il est très bien écrit mais il y a ce je ne sais quoi qui dérange peut être le fait de se croire une exception alors que chaque famille connait ce type de « passage à vide ».

 

 

La Patience des traces - 1La patience des traces Jeanne Benameur

Paru 01/2022 lu en 02/2023

Résumé :

Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d'un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et - d'un rivage à l'autre - par le lointain Japon : ses rituels, son art de réparer (l'ancestrale technique du kintsugi), ses floraisons...
Quête initiatique qui contient aussi tout un roman d'apprentissage bâti sur le feu et la violence (l'amitié, la jeunesse, l'océan), c'est un livre de silence(s) et de rencontre(s), le livre d'une grande sagesse, douce, têtue, et bientôt, sereine.

Ce roman est un voyage à tous les sens du terme Voyage sur une ile désertique du japon qui permet de faire un voyage dans ses souvenirs. En un mot c’est un psychanalyste qui après avoir écouté les autres s’écoute et ainsi se soigne de toutes ses rancœurs et tristesse accumulées tout au long de la vie. Un simple bol cassé lui fait prendre conscience qu'il doit se poser, faire le point et cesser un temps de prendre en charge (c'est son métier) les douleurs psychologiques des autres. Il part se reconstruire dans une île japonaise auprès d'un couple de sages et d'artistes qui lui apprennent la "patience" nécessaire à l'introspection. Ce roman est une auto-analyse, Quête initiatique, tout se permet de se reconnecter à soi-même.

Phrases courtes, propos essentiels, agréable à lire.

 

Tout le bleu du ciel - 1Tout le bleu du ciel Mélissa Da Costa

Lu en 02/2022

Résumé :

Petites annonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.
Un livre aux dialogues impeccables et aux personnages touchants d’humanité

Un livre qui n’a quasi que des avis positifs c’est rare..

Un livre vraiment surprenant. On y baigne en effet dans la sérénité alors même qu'il raconte l'histoire de deux êtres torturés et vaincus par les caprices du destin. Même si on peut classer ce roman dans le style « feel good », le charme opère. On s'attache à ce duo insolite qui a tout à apprendre l'un de l'autre. On se plonge avec un certain ravissement dans les souvenirs de chacun. Les majestueuses Pyrénées ne sont qu'un prétexte, le seul voyage qu'entreprennent Joanne et Émile est à l'intérieur d'eux-mêmes, de leur âme…

L'évolution de la maladie d'Emile est très bien décrite et à la fin de ce livre je vais relire Paolo Coelho l’alchimiste qui semble la bible de ces deux personnages.

“Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant.”
Paulo Coelho